Les homosexuels masculins déclarés aptes au don de sang pour raisons politiques ?
28 novembre 2007
Les homosexuels masculins pourraient bientôt être autorisés à donner leur sang. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a en effet annoncé vouloir « suspendre » cette mesure qu’elle juge « discriminatoire et pas tolérable ». Le point sur la situation.
En France, depuis 1983, l’homosexualité masculine fait partie des critères d’exclusion du don de sang. Et cela au nom d’un principe de précaution toujours d’actualité. Comme le rappelait en début de semaine le Pr Gilles Brücker, Directeur général de l’Institut de Veille sanitaire (InVS) : « la prévalence du VIH parmi les homosexuels masculins est 100 fois supérieure à la moyenne nationale ».
Ce chiffre est à mettre en parallèle avec la « fenêtre de séroconversion », c’est-à-dire le délai entre la contamination et le moment où les marqueurs spécifiques peuvent être décelés dans le sang. Dans le cas du VIH, cette fenêtre peut durer 3 mois, comme nous l’a confirmé Sida Info Service. Autrement dit, au cours de cette période, le virus est présent mais indétectable.
A l’Etablissement Français du Sang (EFS), le Pr Jacques Hardy ne cache pas son malaise face à cette perspective d’une levée de l’interdiction. « Les statistiques concernant la prévalence du VIH parmi les homosexuels masculins montrent effectivement qu’il y a matière à maintenir le principe de précaution » nous a-t-il expliqué.
Il se montre également agacé par certains propos employés par la ministre. « Si la mesure de 1983 prévoit que les homosexuels masculins soient exclus du don de sang » poursuit-il, « ce n’est évidemment pas parce que les professionnels de la transfusion sanguine auraient une opinion sur l’orientation sexuelle de leurs concitoyens. Nous nous basons uniquement sur des données épidémiologiques. De ce point de vue là, parler de discrimination pose problème ».
A l’encontre de la position de l’OMS…
Concrètement, existerait-il une augmentation du risque lié à la levée de cette interdiction ? Un travail de modélisation mathématique réalisée à l’InVS en 2006 et resté jusqu’alors confidentiel répond justement à cette question. D’après ses auteurs, le risque d’avoir un échantillon contaminé serait doublé, sachant que le risque résiduel d’avoir un don contaminé est actuellement de 1 pour 2,6 millions. Des chiffres certes très faibles mais qui laisseraient augurer d’une baisse de la sécurité du don de sang en France.
Selon Roselyne Bachelot, « la levée de l’interdiction pourrait intervenir dans les prochains jours », sous la forme d’un arrêté. Le principal objectif du texte serait de ne plus employer l’expression « populations à risque » mais « pratiques sexuelles à risque ». Selon cette logique, toutes les personnes –hommes comme femmes- déclarant avoir eu plusieurs partenaires lors des 12 mois précédant un don devraient être exclues.
Enfin, autoriser les homosexuels à donner leur sang reviendrait à aller à l’encontre de la position de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur le sujet. Laquelle « écarte du don de sang les homosexuels masculins, en raison du risque de transmission du VIH et d’autres organismes pathogènes ».
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Source : France Info, InVS, OMS, EFS, SIDA Info Service, 28 novembre 2007