Les mains prisonnières d’un même mouvement

23 février 2012

Se gratter l’oreille de la main droite et tourner une page de la gauche, cela n’a rien d’exceptionnel… a priori. La capacité à dissocier les mouvements n’est pourtant pas toujours équitablement accordée à chacun de nous, de sorte qu’il peut être plus difficile aux uns qu’aux autres de jouer certains instruments de musique, par exemple. Et pour un très petit nombre de personnes même, cela relève de l’impossible.

Ces patients-là – car ce sont des malades – souffrent de la maladie des mouvements en miroir congénitaux. Une maladie heureusement rarissime, qui toucherait moins de 10 familles en France. Or une équipe française vient de mettre en évidence les mutations d’un gène qui seraient à l’origine de cette pathologie handicapante.

Ces patients donc, sont incapables de réaliser des mouvements différents avec les deux mains. « Lorsqu’une main effectue un mouvement, l’autre se trouve en quelque sorte ‘obligée’ d’effectuer le même, contre la volonté du sujet », explique le Dr Emmanuel Flamant-Roze du Centre de Recherche de l’Institut du Cerveau et de la Moëlle à la Pitié Salpêtrière.

Avec son équipe, et grâce au séquençage du génome de plusieurs membres d’une même famille française, il est parvenu à identifier le gène RAD51, comme étant le responsable de la maladie. Ce résultat a ensuite été confirmé auprès d’une famille allemande, atteinte de la même pathologie héréditaire.

Croisement faussé

« Chez l’homme, le système moteur se constitue selon une organisation croisée : le cerveau gauche commande la motricité du côté droit et réciproquement, avec un croisement qui s’effectue au niveau du tronc cérébral », rappelle Emmanuel Flamant-Roze. Au cours d’études sur la souris, les chercheurs ont observé que le gène RAD51 pourrait être impliqué dans le développement du système moteur. « Notre hypothèse est que c’est le défaut de ce gène qui empêche les voies motrices de se croiser », précise-t-il.

« Cette découverte ouvre un champ d’investigation complètement nouveau, pour une meilleure compréhension des mécanismes cérébraux contrôlant la motricité bi-manuelle », se réjouit-il. Elle pourrait également apporter un éclairage sur d’autres désordres moteurs comme la dystonie, ou sur certaines maladies génétiques neuro-développementales.

  • Source : INSERM, Assistance publique Hôpitaux de Paris, UPMC Sorbonne Universités, CNRS, 16 février 2012

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