Les obstétriciens français ont-ils la césarienne trop facile ?
08 décembre 2008
Les médecins français ont la main trop lourde avec les césariennes.
En 25 ans leur nombre a doublé, passant de 10,9% des naissances en 1981 à 20,1% en 2007. Ces pratiques, révélées par la Fédération hospitalière de France (FHF) et dont le Journal du Dimanche a rendu compte hier, ne répondraient qu’en partie à des impératifs médicaux. Explications.
La FHF n’en revient pas. Dans une nouvelle étude, cette structure qui regroupe les hôpitaux publics français s’interroge « sur les écarts difficilement compréhensibles (dans ce domaine) entre les établissements ». Sur 599 maternités de niveau 1 (celles qui prennent en charge les grossesses les moins risquées), le taux de césariennes varierait de 9,3% à… 43,3% ! Une dispersion pour le moins surprenante. Or « au-delà de 30%, on n’est plus dans la bonne médecine » confie le Dr Damien Subtil, chef du pôle obstétrique du CHU de Lille. L’OMS établit en effet à 15%, le taux « raisonnable » de césariennes…
Quelle mouche aurait donc piqué les gynécologues-obstétriciens qui sont ainsi mis en cause ? En réalité, elles seraient plurielles : d’abord sur un plan juridique, le risque de poursuites influe sur le comportement des praticiens. « On vous reprochera de ne pas avoir pratiqué de césarienne, jamais l’inverse » explique à nos confrères Philippe Descamps, le porte-parole du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Mais la crainte du procès n’explique pas tout. Un nombre grandissant de femmes demanderait désormais à bénéficier de césariennes « de confort ».
Sans oublier, glisse un conseiller médical de la FHF, des raisons d’ordre logistique. La césarienne en effet selon Pierre Lesteven, « permet de concentrer les naissances lorsqu’il y a davantage de personnel. Et ainsi, de limiter les gardes de nuit et du week-end ». La FHF parle même à ce propos de pratiques tendant à l’« optimisation des coûts de production ».
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Source : Journal du Dimanche, 7 décembre 2008, Collège national des gynécologues et obstétriciens français, 8 décembre 2008