Accueil » Santé Publique » Les plans sociaux, mauvais pour la santé
Alcatel-Lucent, Airbus, PSA… Les plans sociaux annoncés lors de ces dernières semaines n’inquiètent pas que les salariés. Ils préoccupent aussi les spécialistes de la santé publique. Car l’impact sur la santé des restructurations et autres licenciements est aujourd’hui démontré.
Tout comme celui du chômage, d’ailleurs. En 1997, une enquête menée en Suisse a montré que les sans-emploi étaient hospitalisés 3 fois plus souvent que la moyenne de la population. Plus près de nous en 2006, des Britanniques ont établi que la perte d’un emploi en fin de carrière doublait le risque d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral (AVC). Les femmes enfin, verraient également leur risque de maladie cardiovasculaire particulièrement augmenté.
En France, le Dr Jean-Pierre Ferley s’est penché sur les conséquences des mutations professionnelles. Il a étudié pour cela, le cas de salariés de Renault Véhicules Industriels et de France Telecom. « Ces conséquences sont principalement d’ordre psychologique, directement liées au vécu de chacun » explique cet épidémiologiste. Il a également observé des « troubles du sommeil » et une augmentation de la consommation de médicaments.
« Il y a toujours un noyau dur de personnes qui souffrent particulièrement », poursuit-il. Les conséquences dépendent de l’âge, de l’ancienneté dans le poste ou dans l’entreprise, du cursus antérieur, du profil du nouveau poste -lorsqu’il y en a un- et des compensations familiales. Mais aussi bien sûr, de la situation au foyer.
Dépressions, rechutes cancéreuses, suicides…
Un constat confirmé par le Pr Michel Debout, psychiatre, chef du service de médecine légale au CHU de Saint-Etienne et président de l’Union pour la Prévention du Suicide (UNPS). « S’il y a une fragilisation de l’ensemble des salariés, les craintes concernent essentiellement ceux qui rencontrent d’autres difficultés familiales. Ces personnes se retrouvent dans une situation de mal-être, de détresse qui peut les plonger dans une dépression. Voire les amener au suicide. Une restructuration, c’est un traumatisme. Quand elle s’ajoute à d’autres, elle peut vraiment faire basculer ».
Le Pr Debout évoque enfin d’autres répercussions « d’ordre psychosomatique ». Comme des « rechutes cancéreuses par exemple ». A ses yeux, « la meilleure réponse face à ce type de situation, c’est la prévention. Grâce à un accompagnement psychologique des salariés qui ne doit pas se limiter à leur transmettre un numéro de téléphone en cas de besoin. Cet accompagnement doit venir de l’intérieur de l’entreprise, pour aider chacun à mieux passer les différents stades d’un plan social. Des rumeurs, terriblement angoissantes à l’annonce du plan en lui-même, et enfin à ses conséquences ».

Source : Interviews du Pr Michel Debout et du Dr Jean-Pierre Ferley, mars 2007
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