Les recours à la césarienne ont doublé en 15 ans

12 octobre 2018

Dans le monde, le taux de césariennes a quasiment doublé depuis les années 2000. Des recours excessifs constatés dans les pays développés. Ce 12 octobre, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) livre donc ses recommandations pour améliorer la situation. 

Entre 2000 et 2015, le nombre de césariennes pratiquées à l’échelle mondiale est passé de 12% à 21%.Un recours à ces actes quasiment multiplié par deux en 15 ans donc. Des données publiées dans la revue The Lancet.

« Selon les estimations, 10 à 15% des naissances nécessitent le recours à la césarienne. » Mais « en 2015, plus d’un quart des 169 pays inclus dans l’étude rapportait des taux à 28% », peut-on lire dans cette étude. Et « dans au moins 15 pays, le taux de césarienne atteint les 40% ». Sont concernés les Etats dont le système de santé est développé : l’Amérique du Nord, l’Europe de l’Ouest, l’Amérique latine, les Caraïbes…

Pour autant, cet acte chirurgical n’est pas sans risque. Il augmente la survenue de mort maternelle et de handicap chez l’enfant comparé à la naissance par voie naturelle.  Et la « récupération post-opératoire chez la maman est rallongé en cas de cicatrices utérines, de mort néonatale, de naissances avant terme ». En outre, pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ne présentent pas « d’avantages significatifs pour la santé des mères et des enfants ».

Des inégalités d’accès

Dans le même temps, « 25% des populations défavorisées, [en Afrique sub-saharienne notamment] pour qui l’accès aux soins est insuffisant, n’ont pas suffisamment recours à cet acte », alors que la survie des femmes et des nourrissons peut parfois en dépendre. Notamment lorsque des complications surviennent comme « des saignements, une détresse fœtale, une hypertension maternelle ou une position anormale du bébé ».  Chez la femme, cette pratique, lorsqu’elle est justifiée, diminue « le risque d’incontinence et de prolapsus ».

Appel à la modération

Les auteurs de l’étude appellent les professionnels de santé et les chercheurs à « pratiquer la césarienne seulement pour des raisons médicales », lorsque l’accouchement naturel n’est pas possible. Il arrive en effet que des césariennes de convenance soient pratiquées par exemple pour arranger les plannings des médecins ou des futurs parents. Ainsi, « les femmes et les familles sont aussi concernées par cet appel à la modération ». 

De son côté, l’OMS a publié, ce jeudi 11 octobre, ses recommandations en faveur d’un usage plus raisonné des césariennes :

– « Mettre en place des interventions auprès des soignants et des familles pour évoquer le sujet du choix du mode d’accouchement » ;

– « Réaliser des audits et faire remonter les données des césariennes » pour vérifier que cet acte a bien été pratiqué pour un motif médical ;

– « Demander un second avis médical en cas de césarienne » avant d’entrer au bloc opératoire ;

– « Mettre en place des staffs de gynécologues-obstétriciens et de sages-femmes » pour fédérer les avis médicaux.

  • Source : The Lancet, le 11 octobre 2018. Congrès mondial de la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique organisé à Rio de Janeiro (Brésil) du 14 au 19 octobre.

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche

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