Les tests de dépistage du cannabis sont-ils fiables ?

23 septembre 2010

RapidStat®, le test salivaire de dépistage du cannabis utilisé lors des contrôles routiers par les forces de l’ordre, serait-il sur la sellette ? Selon plusieurs études publiées depuis sa mise sur le marché en août 2008, cet outil présenterait en effet de bien « piètres performances ». C’est ce qu’a expliqué hier le Dr Patrick Mura, du service de toxicologie du CHU de Poitiers lors d’une séance à l’Académie nationale de Pharmacie.

Qu’ils soient salivaires ou urinaires, les tests de dépistage des drogues se présentent sous la forme de bandelettes. « Si le sujet a consommé du cannabis, le THC – le tétrahydrocannabinol est le principe actif du cannabis, n.d.l.r. – se fixera sur l’anticorps présent sur la bandelette et on observera une absence de coloration », a précisé le Dr Mura. Une bande colorée est donc synonyme de test négatif. Si elle reste blanche, il est positif.

Comme le souligne le médecin, avant d’être approuvé pour une utilisation par les forces de police et de gendarmerie, RapidStat® « n’avait fait l’objet d’aucune validation scientifique. C’était un prototype ». Les risques d’erreur seraient donc nombreux. C’est d’ailleurs ce que montrent différents travaux récemment publiés. L’un d’eux, précisément réalisé par le Dr Mura et son équipe à poitiers, fait état de « de 10,1% de faux positifs ». Un travail belge publié début 2010 pour sa part, révèle la « présence de 16% de faux positifs et19% de faux négatifs » !

« Aucun test commercialisé, qu’il soit salivaire ou urinaire, ne peut échapper à ces risques d’erreur », poursuit le scientifique. Il fait également référence au NarcoCheck THC Prédosage®. « Ciblé sur le cannabis, ce test urinaire est vendu aujourd’hui sur Internet au prix de 8,90 euros ». Il peut donc être utilisé par le grand public, particulièrement par les parents qui veulent savoir si leur adolescent consomme ou non du cannabis. Il sera « bientôt vendu en France dans les pharmacies. (…) alors qu’il n’a fait l’objet à ce jour d’aucune validation scientifique », enchaîne le Dr Mura.

A ses yeux, « il apparaît indispensable que la mise en vente de ces tests soit précédée d’une évaluation scientifique professionnelle, tant sur leurs performances que sur leurs indications ». Autrement dit, les aspects scientifiques doivent prévaloir sur les arguments commerciaux. Elémentaire…

  • Source : Académie nationale de Pharmacie, 22 septembre 2010

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