Les troubles de l’attention augmentent-ils le risque de maladie d’Alzheimer ?

28 décembre 2022

La prédisposition génétique aux troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) exposerait aussi à la maladie d’Alzheimer. Explications.

Quand des atteintes neurologiques s’associent les unes aux autres… Selon des chercheurs américains de l’Université Pittsburgh School of Medicine, souffrir d’un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) exposerait les patients à un sur-risque d’être également atteint de la maladie d’Alzheimer.

Pour le prouver, les scientifiques ont utilisé un outil appelé « score de risque polygénique de TDAH » capable de définir les combinaisons génétiques induisant un risque probable de développer un TDAH. Ce score, ainsi que d’autres données comme la présence de plaques d’amyloïdes et les niveaux de protéine Tau, deux marqueurs de la maladie d’Alzheimer, ont été comparés chez 212 volontaires sur une période de 6 années. Résultat, être prédisposé à un TDAH s’avère bien associé à une sur-risque de développer la maladie d’Alzheimer.

Une composante génétique du TDAH

« Il est aujourd’hui possible de freiner la maladie d’Alzheimer quand elle est détectée – donc prise en charge – précocement », rappelle le Pr Tharick Pascoal, un second psychiatre associé à ce travail. « Il importe donc de mettre toutes les chances du côté de la science pour mieux maîtriser les facteurs de vulnérabilité et agir le plus tôt possible auprès de patients considérés comme à risque. »

Un point important pour les patients, car s’il se déclare pendant l’enfance, le TDAH perdure à l’âge adulte et impacte la qualité de vie, l’état de santé « mais aussi l’espérance de vie », poursuit le Pr Douglas Leffa, psychiatre et principal auteur de l’étude.

Ainsi, les porteurs d’un TDAH pourraient-ils être suivis de près par leur médecin pour détecter de potentiels premiers signes de la maladie d’Alzheimer ? A ce sujet, il reste encore du chemin à faire. Priorité : « étudier l’impact de correction du TDAH auprès de jeunes enfants sur la protection future contre le risque d’Alzheimer, en surveillant l’apparition de biomarqueurs cérébraux typiques d’Alzheimer ». Des travaux de longue haleine d’ores-et-déjà initiés par l’équipe des Prs Leffa et Pascoal, « importants pour mieux comprendre l’origine multifactorielle des maladies neurologiques et les mécanismes par lesquelles elles impactent les fonctions cognitives ». 

En chiffres 

Le TDAH survient avant l’âge de 12 ans. Il se traduit par « un déficit attentionnel, une hyperactivité motrice et une impulsivité », résume le site Ameli.fr. La présence et l’intensité des symptômes va varier selon chaque cas, mais on estime que ces trois points particuliers se retrouvent conjointement chez 20% des patients. Au total, 3 à 5% des enfants scolarisés, en majorité des garçons, en souffrent. Mais quelle est son origine ? « Contrairement à la plupart des autres troubles du comportement, le TDAH a une composante génétique, traduite non par un seul gène atteint mais par un ensemble de petites modifications génétiques. »

La maladie d’Alzheimer, elle, affecte à ce jour 1 millions de Français. Et il s’agit de l’une des « épidémies » de maladie chronique les plus expansives dans le temps, en lien avec le vieillissement de la population : ainsi, chez les plus de 65 ans, un total de 2,1 millions de patients sont projetés pour l’année 2040. Rappelons que cette pathologie constitue la première cause de dépendance lourde de la personne âgée.

  • Source : Molecular Psychiatry, le 7 décembre 2022 – Ameli.fr, Fondation pour la Recherche Médicale, sites consultés le 12 décembre 2022

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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