Levothyrox® : un retour à la normale «dans les prochains mois»?

09 août 2013

La levothyroxine est prescrite à 3 millions de Français. ©Destination Santé

Depuis juin 2013, des tensions dans l’approvisionnement en Levothyrox® ont été constatées dans de nombreuses pharmacies françaises. Indiqué en cas d’hypothyroïdie, ce médicament  est prescrit à trois millions de Français. Une rupture de stock est-elle à craindre ? Quelles mesures ont été prises pour assurer la continuité des soins ? Que doivent faire les patients concernés ? Etat des lieux.

Le Levothyrox®  (levothyroxine) est indiqué dans les prises en charge des hypothyroïdies. Il est disponible à de nombreux dosages. La première autorisation de mise sur le marché (AMM), pour le dosage 100 µg, a été délivrée en 1982. Depuis quatre mois, les stocks de Levothyrox diminuent dans les pharmacies. Les patients concernés ont en effet bien du mal à se procurer leur médicament sans passer commande. Si bien que le 1er août dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a évoqué des « difficultés d’approvisionnement ».

Le 5 août, l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) s’est fendue d’une lettre adressée à la ministre de la Santé Marisol Touraine, demandant une régularisation de la situation. « Une rupture de stock sur des médicaments vitaux !… Jamais nous n’aurions cru cette situation possible en France… », a déploré Chantal L’Hoir, présidente de l’AFMT.

Une distribution au ralenti

Comme nous l’a souligné un porte-parole des laboratoires Merck Serono, « cette tension sur l’approvisionnement est due à un accroissement mondial de la demande : de plus en plus de patients sont traités chaque jour par lévothyroxine. Et ceci dans un contexte où certains de nos concurrents ont arrêté leur fabrication, ce qui explique une inquiétude soudaine de l’association ».

Le laboratoire fait référence aux génériqueurs Biogaran et Teva, qui ont arrêté la production de levothyroxine  à la mi-juin. « C’est  un médicament à huit dosages qui engendre une production industrielle complexe », nous a expliqué la porte-parole des laboratoires Biogaran. En outre, le taux de substitution (remplacement du princeps par le générique) n’est que de 8% ».

Quelles solutions ?

« La distribution des stocks disponibles a été contingentée afin d’assurer une répartition équitable sur tout le territoire », assure l’ANSM. « Ces tensions dans l’approvisionnement devraient se résoudre dans les prochains mois ».

Biogaran va également reprendre la production de la spécialité. Elle devrait redémarrer en septembre 2013.

En accord avec les autorités sanitaires, Merck Serono va mettre à disposition l’Eutirox® (ou Ethyrox®). Importé d’Italie, ce produit est un bio-équivalent du Levothyrox®. « Ces deux spécialités sont composées de façon identique tant pour la substance active que pour les excipients », nous a précisé Merck Serono.  « Les seules différences résident dans le conditionnement (taille des boites, nombre des comprimés par boîte) ».

La création de nouveaux sites de production de Levothyrox® est aussi sur les rails. Ils devraient être opérationnels « pour la fin de l’année. »

D’ici là, l’Eutirox® pourra temporairement être prescrit, même si la mention « non substituable » n’apparaît pas sur l’ordonnance, a indiqué de son côté, l’Ordre national des Pharmaciens. Ces derniers peuvent aujourd’hui recevoir ce médicament sous 48 à 72 heures. Et ce jusqu’au « retour à un approvisionnement normal, le plus rapidement possible », confirme l’Ordre dans un communiqué du 8 août. Point important : ce médicament sera mis à disposition « gratuitement pour les officines et pour les patients », comme nous l’a confirmé Merck Serono.

Que doivent faire les patients ?

Si vous êtes concerné par la prise de Levothyrox®, un conseil : déplacez-vous en pharmacie avant la fin de votre plaquette. Ceci pour permettre « aux officines qui n’auraient pas de stock de pouvoir se procurer le produit auprès des grossistes-répartiteurs ou le cas échéant, du laboratoire Merk Serono », précise l’ANSM. Et assurez-vous que votre ordonnance fasse bien l’objet d’un renouvellement.

Comme le rappelle enfin le ministère de la Santé,  « ce traitement doit faire l’objet d’un suivi médical et ne doit pas être interrompu ». Dans tous les cas, à la moindre question, interrogez votre médecin ou votre pharmacien.

Ecrit par Laura Bourgault – Edité par : David Picot

  • Source : Ministère des Affaires sociales et de la Santé, communiqué du 9 août 2013 – ANSM, 9 août 2013 - Interview d’un porte-parole de Biogaran, le 8 août 2013 - Interview d’un porte-parole de Merck Serono le 8 août 2013 - Ordre national des pharmaciens, communiqué de presse du’ 8 août 2013 - Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, ANSM – communiqué du 1er août 2013 - Laboratoire Merck Serono, lettre aux professionnels de santé du 1er août 2013 – Vidal, 2010

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