Quelles sont les limites du régime sans gluten ?

20 octobre 2016

Le régime sans gluten est une contrainte médicale pour les millions de patients dans le monde souffrant de la maladie cœliaque. Comprenez par là, une intolérance au gluten. Pourtant, par un effet de mode sans doute, nombreux sont celles et ceux qui suppriment volontairement cette protéine présente dans la plupart des céréales (blé, orge, avoine…), et ce pour les aider à perdre du poids.

Incontestablement, la mode du régime sans gluten prend de l’ampleur. Car il s’agit bien d’une mode. Il suffit de constater le nombre de produits vendus dans le commerce portant l’appellation « sans gluten ». Une étude américaine menée en 2015 auprès de 1 500 personnes s’est attelée à comprendre les motivations d’un tel comportement.

A la question « Pourquoi consommez-vous ces produits ? », dans 35% des cas les sondés répondaient « sans raisons ». A 26%, ils expliquaient que c’était « plus sain » et à 19% pour des « raisons de santé digestive ». En fait, ils n’étaient que 8% à assurer qu’ils étaient « intolérants au gluten ». Autre donnée alarmante, nombre de parents imposaient ce régime à leurs enfants pour prévenir une éventuelle survenue de maladie cœliaque.

Voilà pour le constat. Mais dans les faits, reprenons ces arguments afin de démêler le vrai du faux.

En finir avec les idées reçues

L’alimentation sans gluten permettrait de… prévenir la survenue de la maladie cœliaque ! C’est bien entendu faux. Pour être diagnostiqué « intolérant », il faut consommer du gluten. Les parents qui éradiquent la protéine de l’alimentation de leurs enfants « par prudence », courent le risque de voir leur progéniture développer la maladie, sans même s’en apercevoir. La pathologie peut alors progresser à bas bruit et endommager leur système digestif.

Autre élément, aux parents qui, intolérants au gluten et par mesure de précaution, feraient subir un tel régime à leurs enfants, sachez que les preuves scientifiques ne vont pas dans le sens d’une transmission génétique. En clair, les résultats obtenus pourraient être l’inverse de ce que les parents recherchent. Cela pourrait entraîner de graves carences nutritionnelles chez les petits.

Concernant l’allégation selon laquelle le fait de manger sans gluten est meilleur pour la santé. Rien n’est moins sûr. Les personnes qui décident de s’en passer le font sans avis médical et n’équilibrent généralement pas leur repas en conséquence. Un travail conduit en 2014 a ainsi montré que les produits packagés « sans gluten » présentaient des taux plus élevés de matières grasses et de glucides. Et ce comparés à leurs variantes « classiques ».

Voilà qui nous mène à la question clé : le gluten est-il toxique ? On imagine très bien pourquoi certaines personnes bannissent cette protéine qui entre dans la préparation de diverses farines et donc dans ses dérivés : pains, gâteaux, pizzas, pâtes… Malheureusement pour eux, cette façon de penser ne trouve aucun écho scientifique, comme le suggère un récent travail publié dans The Journal of Pediatrics dans lequel les auteurs ont compilé de façon exhaustive les différentes données (études, essais…) sur le gluten.

« Les risques d’une alimentation sans gluten lorsqu’on ne présente pas de maladie cœliaque ne sont-ils pas supérieurs aux bénéfices ? », s’interrogent les auteurs. Lesquels appellent « les professionnels de santé à mieux informer leurs patients. »

  • Source : The Journal of Pediatrics, mai 2016

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils