L’infection par HPV, pas grave en soi mais…
22 mai 2014
Image colorisée de Papillomavirus. ©Institut Pasteur
HPV, de l’anglais Human Papillomavirus ou papillomavirus humain en français… Ces trois lettres ont tendance à faire peur. Et pour cause, une poignée de ces HPV – dits oncogènes – sont en cause dans la survenue des 3 000 cas de cancer du col de l’utérus chaque année en France. « Pourtant, ce n’est pas grave d’être infecté », nous souligne Isabelle Heard de de l’Institut Pasteur (Paris). Ce qui l’est en revanche, c’est l’absence de dépistage par frottis. Explications.
Avec son équipe du Centre national de référence (CNR) pour les papillomavirus (Institut Pasteur), le Dr Heard a réalisé « la première grande étude française de génotypage des HPV. Les auteurs ont collecté puis analysé plus de 6 000 échantillons de frottis. Lesquels provenaient des expérimentations de dépistage organisé, dans plusieurs régions : Auvergne, Centre, Pays de la Loire, Ile-de-France et dans le département du Vaucluse.
Une infection qui disparaît d’elle-même… Parmi les résultats, ils ont relevé que 13,7% des frottis normaux étaient néanmoins positifs pour un HPV à haut risque oncogène. Une proportion inquiétante ? « Non, », rétorque Isabelle Heard, « toutes les femmes concernées n’auront pas un cancer. Loin de là… Il faut savoir qu’à partir du moment où l’on est sexuellement actif, chacun d’entre nous est infecté à un moment ou un autre de sa vie par un virus de type HPV, oncogène ou non. C’est très banal. Et dans l’immense majorité des cas, l’infection va partir d’elle-même ». Elle sera éliminée par le système immunitaire en 2 à 3 ans.
En revanche, dans une minorité de cas, elle va persister, évoluer lentement durant des années au point d’entraîner un jour, l’apparition de lésions précancéreuses voire encore plus tard, un cancer du col. C’est pourquoi, les spécialistes insistent autant sur l’importance du dépistage par frottis, tous les 3 ans entre 25 et 65 ans. L’objectif de cet examen étant justement de reconnaître la maladie à un stade où elle est encore curable. A la moindre question, interrogez votre médecin traitant ou votre gynécologue.
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Source : BEH n°13-14-15, 20 mai 2014 – Interview du Dr Isabelle Heard, 19 mai 2014
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet