La loase, une parasitose pas bénigne
07 novembre 2016
Larve de Loa loa, le parasite responsable de la loase, dans le sang. ©IRD/C. Bellec
Considérée comme une maladie bénigne, la loase intéressait peu les scientifiques et les médecins. Une nouvelle étude de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) menée au Cameroun dévoile pourtant qu’un taux d’infection à Loa loa élevé, le parasite responsable de la pathologie, aurait de graves répercussions sur le patient.
La loase est une filariose, c’est-à-dire une maladie due à des vers ronds de la famille des filaires. Les parasites Loa loa adultes vivent sous la peau de leurs hôtes, tandis que les larves circulent dans le sang. Transmise par les taons, elle est endémique en Afrique centrale. Environ 10 millions de personnes seraient infectées.
Cette parasitose provoque des œdèmes cutanés, appelés œdèmes de Calabar. Elle peut aussi entraîner de sévères complications rénales, cardiaques et neurologiques. Malgré cela, elle est toujours considérée comme bénigne par les spécialistes.
Vers une reconnaissance de l’OMS
Une étude menée au Cameroun avec le soutien de la Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi) auprès de plus de 3 000 personnes montre pourtant que la loase est associée à une surmortalité. Le suivi, sur 15 ans, de ces dernières montre que le taux de mortalité est plus élevé chez les individus infectés que parmi le reste de la population. En outre, il augmente avec la concentration de parasites dans le sang.
Pour s’en rendre compte, l’équipe a tout d’abord mesuré le taux d’infection dans une trentaine de villages camerounais en 2001, puis a réalisé une seconde enquête en 2016 afin de dénombrer les décès enregistrés dans l’intervalle. A l’échelle de la population, l’étude révèle une relation directement proportionnelle entre le taux de mortalité et la prévalence de la loase. Plus d’un décès sur dix serait ainsi associé à l’infection. A l’échelle individuelle, la mortalité est plus élevée chez les personnes infectées : 25,5% contre 19% dans le reste de la population.
Selon les auteurs de ces travaux, publiés dans The Lancet Infectious Diseases, la maladie devrait désormais figurer dans la liste des « maladies tropicales négligées » de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), afin d’ouvrir la voie à des programmes de lutte.
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Source : Institut de Recherche pour le Développement (IRD), octobre 2016
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet