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« L’obésité correspond à un excès de tissu adipeux, autrement dit une accumulation excessive de graisse qui entraîne des risques pour la santé », indique le Dr Emmanuelle Lecornet-Sokol, endocrinologue à Paris. « C’est une maladie associée à des troubles métaboliques tels que le diabète, l’hypertension, l’hypercholestérolémie et un risque accru de maladies cardiovasculaires. »
Mais ces complications ne s’arrêtent pas là. « L’excès de poids augmente les contraintes mécaniques sur les articulations, favorisant des douleurs et des troubles musculo-squelettiques. Il a aussi un impact sur la respiration, pouvant aggraver des troubles respiratoires et favoriser l’apnée du sommeil. L’obésité est un facteur de risque pour plusieurs cancers (sein, utérus, prostate et côlon). » Elle retentit également sur la santé mentale. « Les troubles psychologiques, notamment l’anxiété et la dépression sont plus fréquents chez les personnes en situation d’obésité. »
Longtemps, l’évaluation du surpoids et de l’obésité s’est appuyée sur une approche simple : l’indice de masse corporelle (IMC). Cette mesure se calcule en divisant le poids (kg) par la taille (m) au carré. Un IMC compris entre 25 et 30 traduit un surpoids, tandis qu’au-delà de 30, on parle d’obésité, avec différents grades : modérée (30 à 35), sévère (35 à 40) et massive au-delà de 40. « Cette approche, encore largement utilisée, est aujourd’hui jugée insuffisante. De nombreuses sociétés savantes soulignent désormais que l’IMC ne peut, à lui seul, rendre compte de la complexité de l’obésité. L’évaluation doit aussi prendre en compte d’autres facteurs : la présence de comorbidités, la répartition des graisses ou encore l’histoire pondérale de chaque individu. »
« L’obésité reste stigmatisée, y compris dans le milieu médical, poussant de nombreux patients à ne pas consulter », s’indigne le Dr Lecornet-Sokol. « Trop souvent réduite à un manque de volonté, cette maladie complexe est perçue comme une simple question d’alimentation et d’activité physique, occultant ainsi sa réalité multifactorielle » Comme le précise notre spécialiste, « l’obésité résulte d’une combinaison de facteurs biologiques, génétiques et environnementaux. Toutes les personnes ne sont pas égales face à la prise de poids : certaines ont une prédisposition génétique qui favorise le stockage des graisses et limite la capacité à maigrir, un phénomène connu sous le nom de résistance à l’amaigrissement. »
L’obésité est donc une maladie complexe qui nécessite une prise en charge adaptée et multidisciplinaire. « Aujourd’hui, l’accompagnement des patients repose sur un parcours structuré, impliquant différents professionnels de santé selon la gravité de la situation. Le médecin généraliste joue un rôle clé en coordonnant les soins et en évaluant l’impact de l’obésité sur la santé. Il peut orienter le patient vers des spécialistes comme les endocrinologues ou, dans les cas les plus sévères, vers les Centres spécialisés de l’obésité (CSO), où une prise en charge experte est mise en place. »
Les approches thérapeutiques ont également évolué : « si les régimes restrictifs ont montré leurs limites, de nouvelles stratégies sont aujourd’hui disponibles : programmes d’activité physique adaptée, accompagnement psychologique, suivi nutritionnel, chirurgie bariatrique et, plus récemment, des traitements médicamenteux spécifiques qui nécessitent un suivi rigoureux ».
Le message essentiel est qu’il existe des solutions efficaces pour aider les patients à mieux gérer leur poids ainsi que prévenir et arrêter la progression des complications associées. « Un changement de regard s’impose : l’obésité n’est pas une question de volonté, mais une maladie qui mérite une prise en charge sérieuse et bienveillante pour offrir aux patients une meilleure qualité de vie. » Ne restez pas seul face à cette maladie, consultez un professionnel de santé pour bénéficier d’un suivi et d’un soutien personnalisés.
Source : Interview du Dr Emmanuelle Lecornet-Sokol, février 2025
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche