











La grande loi de santé publique en préparation, qui se donne entre autres ambitions celle de lutter contre lhypertension artérielle, se heurte sur ce point à de puissantes actions de lobbying. Une histoire qui ne manque pas de sel
Lobjectif gouvernemental de réduction de lhypertension artérielle (HTA) peut paraître ambitieux. A lhorizon 2008, il prévoit en effet de réduire de 5 mm de mercure la pression artérielle systolique moyenne chez les hypertendus. Et de 2 mm seulement dans la population normotendue. Cest pourtant beaucoup moins que les prescriptions de lOMS et de nombreux pays européens Toujours est-il que même cet objectif mesuré semble aujourdhui compromis.
Pourquoi ? Parce que les actions prévues pour latteindre ou faire semblant dessayer paraissent négliger le principal facteur délévation de la tension artérielle chez lhomme, à savoir ses apports alimentaires en sodium ! Dans des recommandations récentes, lAcadémie nationale de Médecine et lAFSSA rappelaient au gouvernement la nécessité dobtenir « une réduction progressive et modérée de la consommation de sel (20% en 5 ans) ». Pour y parvenir, les deux institutions suggéraient dagir « par linformation et la négociation avec les artisans, les industriels et les distributeurs concernés en faveur dune réduction progressive du contenu en sel des aliments préparés ».
Bonne idée, malheureusement battue en brèche par les représentants de la grande industrie agroalimentaire. Lesquels se refusent toujours à un étiquetage informatif des produits préparés, pour informer les consommateurs à défaut de les éduquer Les pressions en cours sont si fortes semble-t-il, que la dernière mouture du projet de loi ne retient plus que 4 des 5 facteurs dont linfluence sur la tension artérielle est reconnue: les apports en potassium par les fruits et légumes, le poids corporel, lactivité physique et la consommation dalcool sont bien mentionnés comme des cibles à atteindre.
Rien en revanche sur lapport en sodium des plats préparés. Lesquels sont responsables, selon La Revue Prescrire (Tome 24 n°248) des trois-quarts de lapport en sel dans lalimentation. Et la revue de sinquiéter à bon droit de savoir comment les médecins pourront conseiller des patients dont lapport en sodium variera de 1 à 10 sans même quils aient la possibilité den être informés faute détiquetage informatif. La seule solution viable apparemment, ce serait de leur enjoindre déviter la consommation de tout plat préparé
Source : de nos envoyés spéciaux au Medec, Paris, 16-19 mars 2004
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