Lutte contre les médicaments falsifiés : l’Académie de médecine s’investit

01 mars 2017

L’Académie nationale de médecine a récemment annoncé la création d’un Comité inter-académique et inter-ordinal de veille et de suivi. Objectif notamment : participer à la lutte contre le trafic des médicaments falsifiés. Un fléau difficile à enrayer du fait d’un internet mondialisé et de l’ampleur de ce commerce illégal.

Le Comité interacadémique et inter-ordinal de veille et de suivi, créé par l’Académie de médecine est entre autres, chargé d’« informer l’opinion publique des risques encourus et de dénoncer les fausses peurs qui détournent les usagers du système de soins en discréditant les vrais médicaments et les vaccins ». En parallèle, « il sera en liaison permanente avec les acteurs de terrain (douanes, police, justice, instances de santé…) afin de les aider à obtenir d’urgence des Pouvoirs publics un dispositif législatif suffisamment répressif pour que le trafic de médicament ne soit plus jugé comme un délit mais relève d’un crime organisé ».

Aujourd’hui, « l’unique outil au plan international qui criminalise la contrefaçon de produits médicaux c’est la convention Medicrime, qui a été ratifiée par la France », en septembre 2016, rappelle Corinne Hoff de l’Institut de Recherche Anti-Contrefaçon de Médicaments (IRACM). Pourtant, « il faut qu’il y ait des lois avec des échelles de peines dissuasives pour avoir réellement un impact », poursuit-elle. Et ce à l’échelle internationale.

Une chaîne d’approvisionnement mondiale

« La plupart des médicaments illicites viennent d’Inde et de Chine, transitent par plusieurs pays et ciblent l’Afrique », détaille Corinne Hoff. « Pour remonter à la source, il faut une coopération judiciaire internationale, entre les autorités de santé, les professionnels de santé, les autorités judiciaires, les services de police et des douanes… », explique-t-elle.

Ce problème de santé publique est un véritable fléau. « On admet que dans le monde, un médicament sur dix serait faux », rappelle-t-elle. « Dans certains pays d’Afrique, cela va jusqu’à 30%. » De plus, « 12% des échanges sur le Darknet concerneraient des produits de santé. » Et le phénomène touche tous les pays, sans exception.

Tous concernés

En France, « les gens pensent ne pas être concernés », note-t-elle. Or « si le système de santé les protège en effet dans le cadre des officines physiques, Internet et les voyages à l’étranger représentent des situations à risque ». Ainsi les achats de médicaments sur internet peuvent exposer les patients à des produits falsifiés. « Certes les officines françaises ont le droit d’ouvrir des sites sur la toile pour vendre des molécules sans ordonnance, mais les sites étrangers ne respectent pas toujours la législation française et exposent aux faux médicaments », ajoute Corinne Hoff.

En cas de doute, lors d’un achat de médicament sur internet, « montrez la boîte à un professionnel de santé pour valider son authenticité ». Pour vos voyages à l’étranger, consultez notre article à ce sujet.

  • Source : Académie nationale de médecine, 23 février 2017 – interview de Corinne Hoff, IRACM, 23 février 2017

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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