Lutte mondiale contre le SIDA : prévenir c’est bien, soigner c’est vital !

03 avril 2006

Dans leur rapport conjoint, l’OMS et l’ONUSIDA se félicitent de la hausse des dépenses mondiales consacrées au SIDA. Celles-ci atteignent désormais 8,3 milliards de dollars, pour la plus grande part versée par Washington… Au prix de quelles contreparties ?

L’essentiel de l’aide américaine à la lutte contre le SIDA est en fait octroyé à travers un fonds principalement consacré à la prévention et fort peu au traitement de l’infection. Et pas n’importe quelle prévention. Le PEPFAR – le Plan du Président des Etats-unis pour l’aide d’urgence à la lutte contre le SIDA– a été lancé en 2003 par George W. Bush. Une bonne chose a priori, puisqu’il s’agit d’un programme de 15 milliards de dollars sur cinq ans. Soit 6,1 milliards de plus que le capital dont dispose le Fonds mondial de lutte contre le SIDA.

Oui mais voilà, le PEPFAR est un programme unilatéral, qui n’a pratiquement rien à voir avec le Fonds mondial qui lui, est une réponse internationale à la pandémie du SIDA. Il lui verse bien un petit milliard de dollars, mais les 14 milliards qui constituent le gros de son budget sont réservés aux pays en difficulté à la condition qu’ils acceptent de prôner l’abstinence comme moyen de prévention !

De sorte que, souligne l’association ACT UP Paris, “90% des bénéficiaires de ces fonds sont des organisations (…) le plus souvent liées aux Eglises fondamentalistes américaines“. Une politique aux effluves religieux, bien éloignée de la prévention à l’européenne fondée sur la promotion du préservatif et, pour les toxicomanes, de matériel d’injection à usage unique.

En contournant le ” programme SIDA ” de la communauté internationale, le PEPFAR prive le Fonds mondial d’argent frais, essentiel à sa viabilité ! L’OMS et l’ONUSIDA ne paraissent pas s’en émouvoir, allant jusqu’à louer le PEPFAR, comme “la plus vaste initiative sanitaire internationale (sic) jamais entreprise par un pays“. Aucune mention de son volet “moral”, pourtant peu conforme au consensus international sur le sujet. Un non-dit pour le moins curieux.

  • Source : PEPFAR, OMS, ONUSIDA, 29 mars 2006

Aller à la barre d’outils