Maladie d’Alzheimer : des EPHAD misent sur le jeu

10 novembre 2014

Sans titreLes jeux de société, de construction ou autres, sont de plus en plus utilisés en EHPAD, particulièrement auprès de résidants souffrant de démences. Ces séances de jeux semblent apporter des bénéfices, notamment sur le bien-être et les interactions sociales. C’est en tout cas ce que montre une étude grandeur nature réalisée dans 6 établissements de la Région Rhône-Alpes.

A la tête du Centre National de Formation aux Métiers du Jeu et du Jouet (FM2J) à Lyon, Cédric Gueyraud accompagne les professionnels qui utilisent le jeu dans leur métier. Ceux de la petite enfance donc mais pas seulement. « Depuis quelques années, nous nous sommes rendus compte que le jeu avait toute sa place dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), et particulièrement auprès des résidants souffrant de la maladie d’Alzheimer ».

Accompagné par le Centre de Recherche Clinique Vieillissement-Cerveau-Fragilité (CRC-VCF) du CHU de Lyon et l’Institut du Bien-Vieillir Korian, il a réalisé une étude (en cours de publication) auprès de 54 résidants. Tous ont participé à des sessions ludiques à raison de 2 séances par semaines durant 4 mois. Le protocole était le suivant : « Nous avons utilisé la méthode du cadre ludique avec un choix d’objets adaptés aux compétences des résidants, un aménagement de l’espace spécifique et un rôle du professionnel observateur et disponible », explique Cédric Gueyraud. Il y avait là des jeux de société, d’assemblage, mais aussi des poupées, des balanciers etc.

Symptômes et interactions sociales améliorés

« Au terme de ce travail, nous nous sommes rendus compte que le cadre ludique permettait de diminuer les symptômes psychologiques et comportementaux des démences durant les séances de jeu. Les interactions sociales entre résidants ou avec les soignants étaient également améliorées. Et enfin, ces derniers ont aussi constaté que le bien-être immédiat des personnes âgées augmentait pendant et juste après la séance ».

Des bénéfices réels donc, à condition toutefois que les équipes soient formées à cette pratique. « En premier lieu, nous leur demandons d’être observateur et de réorienter le résidant en cas de besoin », enchaine Cédric Gueyraud. « L’important étant que le résidant fasse les choses lui-même. C’est pourquoi, si un jeu s’avère difficile, il est préférable de lui en proposer un autre plutôt que de le faire à sa place. L’estime de soi et le plaisir s’en trouvent nettement améliorés ».

Cette approche ne risque-t-elle pas toutefois d’infantiliser les personnes âgées ? « Non, il n’y a pas d’âge pour jouer », rétorque-t-il, « à condition de les laisser choisir les jeux. Si un résidant se dirige vers une poupée, c’est qu’il en a besoin. Ce n’est pas comme si on la lui mettait dans les bras et qu’on lui demandait de jouer avec ». Sans compter que cette stratégie est susceptible de modifier le regard sur le malade et de le porter davantage sur ses compétences plutôt que sur ses défaillances.

  • Source : Interview de Cédric Gueyraud, 30 octobre 2014

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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