Maladie de Charcot : comment protéger la fonction respiratoire ?

31 octobre 2016

Maladie neurodégénérative, la sclérose latérale amyotrophique (SLA) – dite maladie de Charcot – fragilise l’appareil respiratoire des patients. Mais comment ralentir l’altération de cette fonction vitale ? Par la stimulation du diaphragme, ce muscle essentiel aux fonctions d’inspiration et d’expiration ? Une piste envisagée par des chercheurs de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP). Mais selon les résultats récemment publiés dans The Lancet Neurology, cette technique s’avère inefficace voire dangereuse pour les patients.

La maladie de Charcot se caractérise par une atteinte progressive de la motricité volontaire. A l’origine ? La dégénérescence des neurones moteurs dits motoneurones. Logées dans le cerveau, le tronc cérébral et dans la moelle épinière, ces cellules s’avèrent pourtant essentielles à la transmission de l’influx nerveux jusqu’aux muscles. Ainsi ces neurones se situent-ils en première ligne dans le processus de contraction et de relâchement des muscles.

Parmi les fragilités repérées chez les patients diagnostiqués pour une SLA, l’altération de la phonation, de la déglutition, mais aussi de la respiration. Survenant le plus souvent à un stade avancé de la maladie, ce trouble est à l’origine de la majorité des décès répertoriés chez les patients atteints de la maladie de Charcot. Une fin de vie survenant, selon les formes de la maladie, entre 2 et 5 ans après l’apparition des premiers symptômes.

Stimuler le diaphragme ?

A la recherche d’une piste pour améliorer les capacités respiratoires des patients, l’équipe du Dr Jesus Gonzales-Bermejo, pneumologue dans le service pneumologie et réanimation médicale à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), est partie d’une hypothèse. La stimulation du diaphragme pourrait protéger la capacité respiratoire. Et donc retarder le recours à l’assistance ventilatoire, cette approche non invasive utilisée pour pallier l’incapacité à respirer, « généralement administrée par un masque facial ou nasal ».

Les chercheurs ont ainsi lancé l’étude RespiStim-SLA en 2012. Auprès de 74 patients, ils ont évalué les bénéfices sur la fonction respiratoire de la « stimulation phrénique intradiaphragmatique à faible intensité ». Soit « la pose d’électrodes stimulant les nerfs phréniques afin de provoquer des contactions musculaires du diaphragme ». Ces nerfs situés à gauche et à droite du pharynx, traversent le thorax et passent en avant de la racine des poumons. En innervant le diaphragme, ils déclenchent les principaux mouvements de la respiration.

Une étude raccourcie

Tous les patients ont donc « été équipés d’un stimulateur phrénique ». L’étude devait durer 6 ans. Mais après analyse des résultats partiels et corroboration avec l’étude Dipals, les scientifiques ont mis fin aux travaux dès mi-juillet 2015. Explications ? « Une absence de bénéfices (…). Une stimulation phrénique intradiaphragmatique n’entraînant pas pour les patients un allongement de leur survie sans ventilation non invasive », expliquent les auteurs.

Autre point, cette stimulation a « entraîné une surmortalité chez les patients ». Mais ces observations sont-elles exclusivement liées à la stimulation du diaphragme ? Etant donné que « tous les patients ont été opérés de la même façon pour l’implantation, la cause des effets observés est très probablement la stimulation elle-même », confirment les scientifiques. Pour expliquer leurs observations, ces derniers mettent en avant la piste de l’excito-toxicité neuronale. Un « phénomène lié à une stimulation continue et anormale des neurones par une trop grande production d’un acide aminé, le glutamate, ou par sa mauvaise élimination ».

  • Source : The Lancet Neurology, le 11 octobre 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon

Aller à la barre d’outils