Maladie de Lapeyronie : un nouveau traitement pour éviter la chirurgie ?
20 septembre 2016
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Douleurs, déformations de la verge et troubles érectiles. Entre 3% à 9% des hommes seront un jour ou l’autre touchés par la maladie de Lapeyronie. Décrite pour la première fois à la fin du XVIIIe siècle par François de Lapeyronie, chirurgien du roi, elle est en général d’apparition progressive mais elle peut aussi se déclarer brutalement. Mal connue, cette pathologie peut s’avérer, en fonction de la gravité des symptômes, très invalidante. Un nouveau traitement semble apporter une nette amélioration à nombre de patients.
La maladie de Lapeyronie est « une fibrose de l’enveloppe du corps caverneux, probablement consécutive à des microtraumatismes de la verge survenus lors de rapports sexuels, ou lors d’autres activités », indique le Dr Antoine Faix, chirurgien urologue, responsable du Comité d’Andrologie et de médecine sexuelle de l’Association française d’Urologie (AFU). « Au premier stade, c’est souvent la douleur qui prédomine. Sauf exception, cette douleur disparaît en 6 à 8 mois car au fur et à mesure que la fibrose s’installe, la maladie inflammatoire qui en est la cause, s’éteint. » Résultat, « la fibrose amène certaines zones de la verge à perdre leur élasticité, d’où les déformations de cette dernière ».
Concrètement, « la déformation est habituellement dorsale, c’est-à-dire que la verge en érection se recourbe vers le ventre. Mais elle peut aussi être latérale, ventrale, ou mixte… voire dans certains cas présenter un raccourcissement du pénis », poursuit-il. Une dysfonction érectile accompagne souvent la maladie. Elle peut avoir une cause mécanique, sensorielle ou psychologique.
Un diagnostic par palpation
Le diagnostic repose sur la palpation de la verge. « C’est l’examen le plus fiable et le plus sensible », souligne l’urologue. « Les autres examens (échographie, IRM…) ne repèrent pas de manière convaincante la maladie », poursuit-il. En effet, « parfois la déformation se manifeste uniquement par un raccourcissement de la verge et seule la palpation de celle-ci permet de sentir les plaques fibreuses ».
En outre, « il peut ne pas y avoir de déformation mais seulement des problèmes d’érection. Toute dysfonction érectile doit amener à rechercher une maladie de Lapeyronie ». En tout cas, Antoine Faix conseille aux hommes soupçonnant de souffrir de cette maladie de « faire des photos de [leur] verge en érection pour les montrer à l’urologue ».
Enfin un traitement médicamenteux
Plusieurs traitements sont mis en place selon le stade de la maladie. C’est-à-dire avant ou après que la déformation ne soit fixée. Dans la première année, la maladie reste évolutive. Alors, « aucun traitement médical ne semble capable d’arrêter le développement des plaques », note l’urologue. « Quand la maladie a terminé son évolution (18 mois à 2 ans) et que la déformation est fixée, le recours à la chirurgie peut s’imposer. »
A partir du mois d’octobre, le Xiapex® devrait être disponible en France. Doté d’une Autorisation de mise sur le marché européenne depuis décembre 2015, ce médicament est une collagénase, une enzyme capable de casser la structure du collagène. Il s’injecte directement dans la plaque pour dissoudre les fibres de collagène. « En moyenne les symptômes des deux tiers des patients sont améliorés et la réduction de courbure est de l’ordre de 15 à 20 degrés », indique le Dr Faix. Evitant ainsi à une partie des patients le recours à la chirurgie.