Maladie des mineurs : une piste thérapeutique en vue ?
12 décembre 2018
Mark Agnor/shutterstock.com
Selon des chercheurs du CNRS, la dégradation de l’ADN extracellulaire pour bloquer l’inflammation serait une piste thérapeutique prometteuse dans la prise en charge de la silicose. Une grave pathologie pulmonaire provoquée par l’inhalation de silice.
Aussi connue sous le nom de la maladie des mineurs, la silicose ne dispose aujourd’hui d’aucune prise en charge permettant la guérison. La greffe de poumons constitue le seul espoir pour les patients atteints de cette maladie liée à l’inhalation de silice.
Lorsqu’elles se retrouvent dans l’air, les microparticules de silice « provoquent stress et mort des cellules, et in fine une inflammation chronique et une fibrose* », explique le CNRS. Quelles en sont les conséquences ? « Une dégradation irréversible des capacités respiratoires » liée au fait que l’organisme n’élimine pas la silice.
Pour creuser la piste de potentielles approches thérapeutiques, des chercheurs du CNRS, de l’Université d’Orléans** et de la société Artimmune, en collaboration avec des cliniciens turcs ont cherché du côté du mécanisme inflammatoire. Précisément, « un traitement par une enzyme*** éliminant l’ADN libéré dans les voies aériennes supprime cette inflammation pulmonaire ».
Et chez l’être humain ?
Lors de ce projet, les chercheurs ont collaboré avec des scientifiques turcs de l’université Atatürk. L’équipe référente du Pr Metin Akgun évaluait, « depuis une dizaine d’années, une épidémie de silicose des années 2000 chez des hommes jeunes, touchant des villages entiers de Turquie ». Auprès de cette population, les chercheurs ont justement pu « observer une augmentation de la quantité d’ADN libre et de marqueurs inflammatoires dans le sang et les expectorations de patients atteints de silicose. Le mécanisme mis en évidence chez les souris exposées à la silice semble ainsi impliqué chez l’être humain ».
Contrairement aux idées reçues, la maladie des mineurs fait encore de nombreuses victimes. En effet, cette pathologie a malheureusement évolué avec son temps. « De nouvelles utilisations du sable sous pression, telles que le sablage ou l’exploitation des gaz de schistes, exposent professionnels et riverains. » Ainsi, « la silicose touche toujours des dizaines de millions de personnes dans le monde, notamment dans les secteurs de la construction, de l’exploitation minière, mais aussi du textile ou des prothèses dentaires ».
* « remplacement du tissu pulmonaire par du tissu cicatriciel »
** laboratoire Immunologie et neurogénétique expérimentales et moléculaires
*** la DNAse I
-
Source : CNRS, Nature Communications, le 3 décembre 2018
-
Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet