Maladie rare ou effets de la cocaïne ? Quand les symptômes se confondent
17 mai 2023
Nombre de diagnostics médicaux indiquant que des patients souffriraient de granulomatose avec polyangéite, une maladie rare, pourraient bien être erronés. Les symptômes de cette pathologie cacheraient souvent les effets d’une consommation de cocaïne. Explications.
« La granulomatose avec polyangéite (GPA – aussi appelée maladie de Wegener) est une maladie auto-immune peu fréquente et caractérisée par l’inflammation des vaisseaux sanguins (vascularite) », décrit la Société de l’arthrite du Canada. « Elle commence généralement par des saignements de nez, une congestion nasale avec formation de croûtes, une sinusite, un enrouement, des douleurs auriculaires, du liquide dans l’oreille intermédiaire, une rougeur et des douleurs au niveau des yeux, un sifflement et une toux », poursuit le manuel MSD.
Or, la consommation de cocaïne peut parfaitement induire des effets similaires. Parmi les risques à long terme en effet, des « lésions des muqueuses, une perforation de la paroi nasale (si la cocaïne est sniffée) ainsi que des atteintes du tissu pulmonaire » sont à anticiper, selon la Fondation Addiction Suisse. C’est ce qui a mis la puce à l’oreille de chercheurs britanniques de l’université de Birmingham : tous les diagnostics de granulomatose avec polyangéite sont-ils valides ?
Dépister l’usage de la cocaïne
Pour en avoir le cœur net, ils ont mené une analyse rétrospective auprès de patients ayant consulté une clinique traitant les vascularites au Queen Elizabeth Hospital, à Birmingham et au Royal Free Hospital, à Londres. Parmi les prélèvements analysés, 86% se sont révélés positifs à la cocaïne, même si certains patients ont nié en consommer.
Résultat, alors que la cause de leurs symptômes n’était sans doute pas la granulomatose avec polyangéite, qui ne concerne que 3 personnes sur 100 000, ils ont reçu le traitement indiqué dans cette maladie rare. Les médicaments immunosuppresseurs administrés n’ont naturellement produit aucune amélioration. Et les chercheurs soulignent le risque d’infection grave qu’un tel traitement induit chez ces patients. C’est pourquoi ils concluent sur l’importance pour les médecins de réaliser systématiquement un test de dépistage de l’usage de la cocaïne chez un patient présentant de tels symptômes. Et ce avant de poser le diagnostic et donc de prescrire un quelconque traitement.
A noter : « La cocaïne est le deuxième produit illicite le plus consommé en France métropolitaine, même si son niveau d’usage reste très loin de celui du cannabis. Ainsi, 3 % des jeunes de 17 ans et près de 4 % des 18-64 ans déclarent l’avoir expérimentée », indique l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT).