Manger moins de protéines pour mieux soigner le cancer ?

29 mars 2018

Modifier l’alimentation du malade peut-il influencer l’efficacité du traitement contre le cancer ? Alors que le jeûne bénéficie d’une bonne réputation en la matière – sans preuve scientifique solide – une équipe de l’Inserm a comparé plusieurs régimes alimentaires chez la souris. Limiter les protéines semble concluant.

L’idée que jeûner améliorerait l’efficacité des traitements contre le cancer est désormais répandue. Toutefois, aucune preuve scientifique n’étaye cette hypothèse. Sans compter que cette pratique peut aggraver la dénutrition et la perte de masse musculaire fréquemment associées aux chimiothérapies. Afin d’évaluer les bénéfices de telle ou telle restriction alimentaire dans le traitement du cancer, une équipe de l’Inserm au sein de l’Université Côte d’Azur a mené un travail sur un modèle animal.

L’hypothèse des chercheurs, « une modulation de l’apport en macronutriments (glucides, lipides et protéines), plutôt que de l’apport calorique, pourrait avoir un impact restrictif sur la croissance tumorale ». Pour ce faire, ils ont comparé l’effet sur la croissance des tumeurs chez la souris de plusieurs régimes alimentaires, plus ou moins appauvris en glucides, ou en protéines. Mais de même apport calorique donc.

Un système immunitaire reboosté

« L’analyse du contenu cellulaire des tumeurs des souris sous régime appauvri en protéines, a montré une quantité accrue et une activité plus intense des cellules anti-tumorales spécifiques du système immunitaire », révèlent les auteurs. En cause ? « Un accroissement de l’efficacité de la réponse immunitaire, aussi appelée immunosurveillance, pour détruire les cellules cancéreuses. » Et non « une inhibition de la prolifération des cellules cancéreuses ».

L’explication de ce mécanisme ? « Ce renforcement de l’immunosurveillance est lié à la sécrétion par les cellules tumorales de protéines d’alerte pour le système immunitaire : les cytokines », expliquent les auteurs. La diminution en protéines dans le régime alimentaire provoquerait « un stress chez les cellules tumorales, qui libèreraient alors des cytokines, activant ainsi une forte réponse immunitaire au niveau de la tumeur ».

Prometteurs, ces résultats comportent néanmoins « plusieurs inconnues majeures ». Entre autres, « une définition précise de la restriction protéique nécessaire et suffisante pour que le régime soit efficace ». Sans compter que ces constats ne sont pas transposables en l’état à l’être humain, notamment en raison de « la difficulté à imposer un régime alimentaire aussi rigoureux sur une longue durée chez des patients ».

  • Source : Inserm, 27 mars 2018

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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