Masques : les antibuées sont-ils toxiques ?

10 janvier 2022

Parmi les ingrédients des produits antibuée destinés aux porteurs de lunettes et de masques, des chercheurs américains ont identifié des fluorotélomères. Des substances potentiellement toxiques.

L’usage des produits antibuée, comme les lingettes ou les sprays pour lunettes, connaissent un engouement majeur depuis le début de la pandémie. Et pour cause : les myopes et autres astigmates supportent mal la buée qui se forme sur leurs verres lorsqu’ils portent un masque. Ce qui est désormais à peu près tout le temps !

Après avoir acheté un de ces sprays pour sa fille de neuf ans, Heather Stapleton de l’Université Duke en Caroline du Nord a souhaité analyser le contenu de plusieurs de ces produits. Elle a donc, avec son équipe, étudié la composition de 4 sprays et 5 lingettes antibuée vendus sur Amazon. Les résultats de cette analyse ont révélé que les 9 produits contenaient des alcools fluorotélomères, des substances perfluoroalkylées dont les effets sur la santé restent largement méconnus.

Des doses élevées

Cette découverte s’accompagne d’inquiétude pour les chercheurs car d’autres substances perfluoroalkylées sont elles, bien connues. Ainsi que leurs effets sur la santé. Le sulfonate de perfluorooctane ou encore l’acide perfluorooctanoïque sont associés à des troubles de la fonction immunitaire, à des cancers, des maladies thyroïdiennes notamment. Les femmes enceintes et les jeunes enfants sont particulièrement à risque en raison des effets sur la santé reproductive et le développement.

Le constat est d’autant plus inquiétant que « nos tests ont montré que les sprays contenaient jusqu’à 20,7 mg de ces substances par millilitre de solution, ce qui constitue un concentration assez élevée », notent les auteurs. Même si leurs effets restent méconnus, d’autres travaux ont montré qu’une fois absorbées ou inhalées, ces substances pourraient se décomposer en toxiques sulfonate de perfluorooctane et acide perfluorooctanoïque. Ce qui exposerait les utilisateurs – y compris des enfants – à un risque de toxicité élevée.

« Ces substances pourraient très bien être des perturbateurs endocriniens, mais la seule façon de le vérifier est de mener des études in vivo », concluent les auteurs. Lesquels estiment que « les gens – y compris les professionnels de santé – ont le droit de savoir ce qu’ils utilisent au quotidien depuis près de 2 ans ».

  • Source : Duke University, 5 janvier 2022

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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