Massacre en Syrie : « 3 billboards » devant l’ONU
23 février 2018
©Physicians for Human Rights
Trois affiches simples pour une action choc. Une coalition d’organisations humanitaires a exposé trois panneaux, en référence au film 3 billboards Les Panneaux de la Vengeance, devant les Nations Unies à New York. Objectif, faire réagir le Conseil de Sécurité, appelé aujourd’hui à se prononcer sur une résolution portant sur une cessation des hostilités en Syrie. Notamment dans la Ghouta Orientale, zone assiégée où plus de 300 personnes ont été tuées depuis dimanche par le gouvernement syrien et ses forces alliées.
Depuis dimanche, les attaques sur la population se sont intensifiées dans la Ghouta Orientale en Syrie. « La situation [y] est catastrophique. Tant de personnes sont tuées que le nombre de morts ne cesse d’augmenter : nous n’arrivons pas à tenir les comptes », rapporte le Dr Hamza, un médecin de l’ONG médicale Syrian American Medical Society (SAMS) sur place. « Aucun mot ne saurait décrire la terreur que nous traversons. »
C’est pour enfin faire réagir la communauté internationale qu’une coalition, composée notamment de Médecins du Monde, l’UOSSM, CCFD-Terre Solidaire et Save The Children*, a décidé de lancer un appel puissant. Aujourd’hui, « trois panneaux d’affichage circulent autour du bâtiment des Nations Unies afin d’interpeller le Conseil de Sécurité et lui demander des explications quant à son inaction », explique la coalition. Reprenant une tactique déjà utilisée dans le film nommé aux Oscars 3 Billboards : Les Panneaux de la Vengeance, les panneaux brandissent ce message : « 500 000 morts en Syrie/Et toujours aucune action ?/Pourquoi, Conseil de Sécurité ? »
Pénuries et impossibles évacuations
©SAMS Staff
Plus de 20 établissements de santé ont été touchés par des bombardements dans la région. Et les médecins se voient refuser les fournitures médicales nécessaires, les empêchant donc de faire leur devoir. « Il y a une énorme pénurie de médicaments et d’équipements pour traiter les patients de la Ghouta. Aucun de ceux qui sont tués ne sont des cibles militaires, ce sont tous des civils », martèle le Dr Hamza. Résultat, « du fait du manque d’aide médicale et de conditions de vie déplorables, des maladies de peau telle que la gale se généralisent, et les maladies chroniques continuent d’être aggravées », souligne la coalition d’ONG.
« Les médicaments de traumatologie et les équipements chirurgicaux indispensables sont inexistants, et sont systématiquement retirés des convois d’aide humanitaire sans aucune justification », ajoute la coalition.
Enfin, « le refus quasi-systématique des demandes d’évacuation de patients en état critique, parmi lesquels des individus ayant des tumeurs, ou de sérieux problèmes cardiaques » est dramatique. « Actuellement, plus de 700 patients ont besoin d’une évacuation médicale. »
Pour une trêve immédiate !
La coalition demande à tous les Etats membres du Conseil de Sécurité de l’ONU de soutenir l’adoption d’une résolution humanitaire. Laquelle inclurait « une trêve », « un accès durable et sans entrave à l’aide humanitaire », « des évacuations médicales d’urgence », « l’engagement de toutes les parties au conflit à garantir en priorité la protection des civils, des hôpitaux et autres établissements de santé » et « la levée des sièges ».
« Environ 400 000 personnes vivent dans la Ghouta orientale, où le siège imposé depuis 2013 affame la population et pousse nombre de résidents à l’article de la mort », conclut la coalition humanitaire.
*CARE International; CCFD-Terre Solidaire; International Rescue Committee (IRC); Independent Doctors’ Association (IDA); Médecins du Monde; Mercy Corps; Physicians for Human Rights (PHR); Syrian American Medical Society (SAMS); Save the Children; et l’Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux (UOSSM).
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Source : Médecins du monde, 23 février 2018
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche