











Accueil » Santé Publique » Médicaments » Médicament : des déremboursements qui décoiffent…
Quand au nom des économies de santé le gouvernement décide de dérembourser des médicaments, certains marchands se frottent les mains. Car du jour au lendemain leurs prix vont se voir multipliés par trois ou quatre. Cela vous donne la nausée ?
Aucun problème, c’est justement un médicament contre la nausée et les vomissements qui nous joue ce joli tour ! Avec le même principe actif (la métopimazine) à la même dose (7,5 mg par comprimé) et avec la même posologie (2 à 4 par jour chez ladulte, 1 à 2 chez l’enfant), nous voici avec deux molécules. Dans la main gauche le Vogalène en boîtes de 16, soumis à prescription médicale et remboursé à 35% ou 65% selon les cas. Dans la droite le Vogalib en boîtes de 8. Bientôt sur le marché, il sera disponible sans ordonnance et non remboursé.
Les mêmes médicaments sous deux noms différents ? Oui, mais à des prix bien différents. Le traitement (remboursé) par le Vogalène coûte 0,77 par jour contre 3 par jour pour le Vogalib non remboursé. Voilà une différence de 390% qui donne… des haut-le-coeur ! Mais il y a plus inquiétant.
Alors que le Vogalène est un médicament « listé », encadré dans sa dispensation, le Vogalib lui, sera en vente libre. Et certainement soutenu par une publicité… généreuse. Or en changeant de nom, ce médicament a aussi perdu certaines de ses contre-indications et mises en garde. Avec le Vogalène « la prise de boissons alcoolisées pendant le traitement est déconseillée ». Le dossier de presse du Vogalib lui, le propose carrément « dans les lendemains de fête »… Et alors que le Vogalène entraîne « un risque de somnolence » le Vogalib prétendument, « n’entraîne pas de somnolence aux doses conseillées ». Lesquelles sont identiques à celles du médicament original. Cherchez l’erreur… et surtout un médecin pour vous orienter.
Pour le Pr Jean-Paul Giroud, de l’hôpital Cochin à Paris, « les données concernant ce médicament sont à la fois insuffisantes, incomplètes et mensongères. Il y a notamment des risques d’interactions avec les antihypertenseurs (…) qui ne sont pas signalés. Et le fait que l’on dise que ce médicament n’entraîne pas de risque de somnolence, ceci est un vrai mensonge. Enfin, il est regrettable qu’il n’y ait pas pour les patients une information objective et synthétique sur tous les médicaments qui sont en vente libre et qui peuvent donc être achetés sans le conseil du médecin ».
Source : OMS, 17 décembre 2003
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