











Accueil » Santé Publique » Médicaments » Médicament : opération oeuf de Pâques en trompe-loeil
Utiliser la trêve pascale pour fourguer un train de mesures impopulaire, le truc est vieux comme tout. Mais le premier volet du Plan Mattéi, publié samedi au J.O., laisse aux Français la désagréable impression quils sont pris pour des cloches
Dire que la désormais fameuse liste de 617 médicaments « déremboursés » est une surprise, ce serait un abus de langage Aux dernières « Auditions de la Santé » organisées par les laboratoires MSD-Chibret, le Club des Economistes de la Santé et lEspace social européen, il nétait question que du déficit cumulé de lassurance maladie. Estimé de source officielle aux environs de 16 milliards deuros, les spécialistes réunis au Sénat parlaient plutôt de 20 milliards
Professeur à lInstitut de la Gestion publique et du Développement économique au Ministère de léconomie et des finances, Rémi Pellet avait eu beau jeu de rappeler que selon la formule dun ancien Directeur des Hôpitaux, « la France est le pays qui a inventé les médicaments efficaces à 30% » ! Cest ce même ministère qui vient sans rougir dabaisser à 35% le remboursement de ces médicaments, dont beaucoup très largement utilisés. Car lun des côtés sombres du dispositif mis en place cette fin de semaine et de façon quasi subreptice, cest quil frappe des produits dont il est difficile dassurer quils sont sans efficacité. Dailleurs ce nest pas fini. Le pouvoir nen fait pas mystère, annonçant ce mardi que les médicaments « à service médical rendu nul, voire nocif » ne seraient plus pris en charge dès le 1er juillet. Et pourquoi pas tout de suite, surtout sils sont nocifs ?
Les économies espérées ne seront pourtant quun emplâtre sur une jambe de bois. A peine 400 millions deuros, pour un trou de 20 milliards ! Avec une croissance économique en panne, le politique touche aux limites de la contradiction. Engagement étant pris de ne pas augmenter la CSG ni les cotisations, la patate chaude est repassée aux mutuelles et assurances complémentaires. Lesquelles annoncent logiquement des hausses de cotisations. Le problème est que lon na jamais tondu un oeuf. Pour réaliser de vraies économies à hauteur du problème posé, il faudra porter le fer à lessentiel des dépenses, cest-à-dire lhôpital. La question nest pas de savoir si ce sera fait un jour, mais de savoir quand cela sera fait
Source : Journal Officiel 19 avril 2003, Troisièmes « Auditions de la Santé », Sénat, 2 avril 2003
Recevez chaque jour par e-mail les dernières actualités santé.