Médicaments anti-Alzheimer : pas de déremboursement… pour le moment
27 octobre 2011
La Haute Autorité de Santé (HAS) a tranché. Les quatre experts de sa Commission de Transparence ont conclu à l’intérêt thérapeutique faible des médicaments actuellement disponibles pour la prise en charge de la maladie d’Alzheimer. Leurs conditions de prescription sont désormais très strictes, mais les patients devraient toujours bénéficier d’une prise en charge à 100%.
Actuellement, 4 molécules sont à la disposition des médecins : le donépézil (Aricept®), la galantamine (Reminyl®), la rivastigmine (Exelon®) et la mémantine (Ebixa®). Toutes agissent sur les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Décidée au début 2011, leur réévaluation avait été entamée le 20 juillet dernier avant une clôture des débats, le 19 octobre.
« Le rapport entre l’efficacité de ces médicaments et leurs effets indésirables est jugé faible par la Commission de la Transparence », indique ce jeudi la HAS. Les conclusions des experts mettent en évidence :
– des effets au mieux modestes avec « une efficacité versus placebo principalement établie sur la cognition à court terme et dont la pertinence clinique reste discutable » ;
– un risque de survenue d’effets indésirables pouvant nécessiter l’arrêt du traitement (troubles digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques notamment) ;
– un risque accru d’interactions médicamenteuses du fait de la polymédication, très habituelle chez les patients âgés.
La Commission considère également qu’ « il n’y a pas de différence de tolérance et d’efficacité entre les quatre médicaments et qu’ils n’apportent pas d’amélioration du service médical rendu ».
Un an de prescription puis…
La HAS a également revu les conditions de prescription de ces molécules. Désormais, elles seront prescrites « pour une durée d’un an. Au bout de six mois, la poursuite du traitement devra faire l’objet d’une réévaluation attentive du médecin prescripteur. En effet, si le patient répond au traitement en atteignant les objectifs fixés (stabilisation ou ralentissement du déclin cognitif par exemple) et s’il n’a pas subi d’effet indésirable grave et/ou altérant sa qualité de vie, le traitement pourra être poursuivi jusqu’à un an ».
Ensuite ? La Commission de la Transparence recommande que « le renouvellement du traitement soit décidé en réunion avec le patient (si son état le permet), son aidant, le médecin traitant, le gériatre et le neurologue ou le psychiatre. Si ce groupe donne son accord et si l’efficacité a été maintenue, alors le traitement pourra être reconduit ».
Une prise en charge à 100%
La HAS ajoute qu’elle publiera « fin novembre la réactualisation de ses recommandations professionnelles. » Cette décision ne devrait pas avoir d’impact sur le reste à charge des patients. Contrairement aux médicaments dont le SMR est jugé insuffisant (et qui sont alors déremboursés), ceux dont le SMR est qualifié de faible (ou modéré) relèvent bien eux, d’un remboursement.
Dans le cas d’espèce, le remboursement devrait effectivement chuter – de 65% à 15% – sans toutefois avoir un impact sur le reste à charge des patients. Et pour cause, la maladie d’Alzheimer fait partie des 30 affections de longue durée (ALD), justifiant d’un remboursement à 100%.
L’association France Alzheimer « s’interroge sur les raisons de cette décision. A première vue, elle n’aurait aucune incidence sur le porte-monnaie des personnes malades en ALD (…). Dans un contexte de recherche d’économies pour l’Etat, cette dégradation n’apporterait donc pas la moindre bouffée d’oxygène aux comptes de l’assurance maladie. (…) A moins que cette révision du SMR des médicaments anti-Alzheimer ne soit l’amorce d’un déremboursement total de ces médicaments… ».