Médicaments anti-cancer : un labo fraudeur…

14 octobre 2003

Plusieurs médecins indiens viennent de se voir accusés de prescrire illégalement, contre l’infertilité, un médicament exclusivement homologué contre les cancers du sein ! Mais au-delà des médecins, l’industriel qui le produit est aussi visé !

Ce médicament, c’est le Letrozole qui – à juste titre – fait la « Une » de la presse internationale pour l’excellente qualité des résultats qu’il apporte chez des femmes traitées par taxotère, lorsque celui-ci arrive au bout de son efficacité… Toujours est-il que l’éditorial du British Medical Journal de ce mois-ci, reprend une information diffusée par the Monthly Index of Medical Specialities of India. Cette revue scientifique indienne de haute réputation y fustige les agissements de Sun Pharmaceuticals, un génériqueur. Cette entreprise – indienne – ferait apparemment la promotion du letrozole pour traiter l’infertilité, soit très au-delà de son autorisation de mise sur le marché !

Dans The Lancet où l’information est également reprise, on rappelle que ce produit très efficace dans son indication n’est dénué ni de dangers, ni d’effets secondaires parfois dévastateurs. Qualifié d’« embryotoxique et foetotoxique » par son découvreur le Suisse Novartis, il doit être administré dans des conditions très bien codifiées. Il serait également associé à l’apparition de tumeurs ovariennes, hépatiques et à d’autres troubles de l’appareil génital…

Rappelons que ce médicament est approuvé dans le traitement des cancers du sein après la ménopause. Mais dans aucun pays il n’a vu ses indications étendues à quelque autre titre que ce soit. Or depuis plusieurs mois, les visiteurs médicaux de Sun Pharmaceuticals parcourraient le pays et vanteraient les mérites de ce produit auprès des gynécologues. Pour le laboratoire, « il est tout à fait possible que les gens du marketing aient gonflé les résultats des études scientifiques. » A Delhi, les uns parlent de violation flagrante de la loi, les autres évoquent « le libre accès des malades au progrès médical. » Une drôle de conception du « progrès »…

  • Source : British Medical Journal, N°327, 4 octobre2003, The Lancet, vol. 362, 4 octobre 2003, p 1128

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