Médicaments : inutiles mais… pas inutilisés !

18 juillet 2002

Les 835 médicaments au Service médical rendu (SMR) jugé « insuffisant » sont toujours largement prescrits par les médecins: avec 621 millions d’euros remboursés en 2001, ils représentent une enveloppe considérable. Une soixantaine de produits – du Daflon pour les jambes lourdes à l’Iskédyl pour « dilater les vaisseaux cérébraux » ( !) se partagent un peu moins de 460 millions d’euros. La dernière étude Médic’Am, menée par la Caisse nationale d’assurance maladie, dispense une toute petite consolation : les dépenses représentées par ces produits s’inscrivent en légère baisse (-3,5%) sur l’année précédente.

Inutiles pour la santé publique, ces médicaments ne sont pas tous dénués d’efficacité. Beaucoup n’ont pas fait leurs preuves, c’est vrai, mais d’autres ont su montrer qu’ils exercent un effet. Mais les responsables des deniers publics ne savent plus comment amener le patient à assumer son « petit risque » – une fatigue passagère, une lourdeur dans les jambes en période de grandes chaleurs… – pour assurer l’accès de tous aux médicaments qui sauvent des vies humaines ou permettent le maintien à domicile de patients en détresse…

Plus préoccupant encore : parmi les 100 produits les plus vendus en France, 23 appartiennent à cette catégorie des parents pauvres de la pharmacie, dont la France paraît se faire une spécialité. Le nouveau ministre de la Santé, Jean-François Mattei, appelle de ses voeux un changement dans les esprits. Il demande que l’objectif des dépenses sanitaires ne soit plus calculé « uniquement sur des critères budgétaires mais sanitaires ». Sans doute faudra-t-il aussi qu’une décision politique intervienne pour décider du remboursement des médicaments sur des critères sanitaires. Et sur la base d’une utilité clinique et sociale prouvée…

  • Source : CNAM, Etude Médic’AM, 12 juillet 2002

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