Médicaments : les ruptures de stock explosent

21 mai 2014

Entre septembre 2012 et octobre 2013, un total de 324 ruptures de stock de médicaments a été recensé en France. Ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur. En effet en 2008, on en dénombrait seulement 44 ! Soit une augmentation de… 636% en 5 ans ! Selon les Entreprises du Médicament (Leem), la principale raison serait liée à l’externalisation de la production des matières premières. Explications. 

Forte de ses 22 100 pharmacies et de ses 224 sites de production, la France pouvait légitimement se croire à l’abri des ruptures d’approvisionnement en médicaments. Il y a 5 ou 6 ans, il s’agissait d’ailleurs d’un phénomène très marginal.

Pour le Leem, « la rupture de stock a de multiples origines qui sont toutes ou presque de nature économique, à commencer par l’externalisation massive de la production des matières premières». Aujourd’hui, ces dernières sont dans 60% à 80% des cas fabriquées hors de l’Union Européenne. Cette proportion était de 20%, il y a 30 ans. Selon l’Agence européenne du médicament (EMA), la Chine produit 52,9% des principes actifs, l’Inde 22,2% et Israël 17,7%.

« La multiplication et l’éloignement des différents sites industriels d’extraction de la substance active, de fabrication ou de façonnage, de conditionnement rendent les contrôles de plus complexes », indique le Leem. Ceci accentue les risques pesant sur la chaîne globale, l’ensemble pouvant être paralysé par une défaillance momentanée d’un des sites. Ainsi la rupture d’approvisionnement d’un simple excipient peut bloquer toute une chaîne de production.

Les traitements hormonaux en tête

D’après une enquête menée par le Leem auprès de 90 laboratoires pharmaceutiques, trois causes principales permettent d’expliquer les ruptures de stock :

  • Dans 33% des cas, elles étaient liées à des problèmes de production (technique, qualité, analyse) ;
  • Par ailleurs, 28% des ruptures seraient dues à des capacités industrielles insuffisantes en raison d’une augmentation des ventes ;
  • Et enfin pour 16% d’entre elles, cela proviendrait d’un problème d’approvisionnement en matières premières ou en excipients.

L’enquête a également montré que les ruptures ont en France ont concerné à hauteur de 28%, des médicaments dits « indispensables » et à 72% d’autres dont on peut se passer sans mettre en jeu le pronostic vital. Dans 33% des cas, les ruptures touchent des traitements hormonaux, dans 16% des anti-infectieux et encore dans 16% des anticancéreux. A noter enfin qu’elles concernent davantage l’hôpital (32%) que la ville (27%).

  • Source : Leem, 20 mai 2014

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot

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