Médicaments : les statines ne font pas seulement baisser le taux de cholestérol

19 juillet 2002

Les statines sont connues pour faire baisser le taux de cholestérol. Elles agissent en bloquant une enzyme, l’HMG-CoA réductase, qui joue un rôle primordial dans l’équilibre du cholestérol et des graisses dans notre organisme. Alors en prescrivant un de ces médicaments, le médecin agit sur un mécanisme très profond du cholestérol. « La baisse du taux de cholestérol sanguin que l’on mesure », explique le Dr Pascale Benlian (CHU Saint-Antoine de Paris) « n’est que la surface des choses. Agir sur l’HMG-CoA réductase, c’est agir sur le développement de l’athérosclérose, sur des mécanismes importants que l’on ne peut pas forcément mesurer ».

Cette enzyme, en fait, est présente dans tous les tissus de l’organisme. Et si toutes les statines ont en commun de l’inhiber, « toutes n’agissent pas de la même manière. Cela dépend de la pharmacocinétique (du comportement dans l’organisme, n.d.l.r.) de chaque produit : comment il entre dans le tissu, dans quel tissu il est le plus actif. Il existe donc de petites différences entre les différentes statines ». Ce qui explique, par exemple, pourquoi les problèmes rencontrés avec la cérivastatine n’ont pas été observés avec d’autres. Mais ce qui explique aussi, que certains de ces médicaments aient des effets supérieurs à d’autres.

Récemment dévoilée lors du congrès de l’American Heart Association (AHA), l’étude HPS (pour Heart Protection Study) réalisée avec la simvastatine aurait ainsi, selon Pascale Benlian, « démontré de façon éclatante (que l’action sur) l’HMG-CoA réductase exerce un puissant effet anti-athérogène. » Un travail qu’elle estime « de grande beauté (en raison) de son effectif : 20 536 patients. »

Si la « beauté » d’une recherche peut nous échapper, il faut reconnaître que ce travail, mené à la demande du National Health Service britannique a donné des résultats spectaculaires. Dans tous les groupes de patients, la simvastatine a en effet réduit le risque vasculaire d’un quart : coronariens, artéritiques ou malades relevant d’un accident vasculaire cérébral (AVC) ont vu leur niveau de risque diminué de 25%, les diabétiques faisant pratiquement jeu égal avec 24% de réduction.

Mais le plus inattendu est peut-être que cet effet ait été indépendant du taux de cholestérol sanguin. Il serait donc lié davantage au traitement lui-même qu’à la baise du taux de cholestérol.

  • Source : Le Cardiologue n°3 (supplément II au n°246) - 14/11/2001 – Revue du Syndicat National des Spécialistes des Maladies du Cœur et des Vaisseaux

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