











Accueil » Santé Publique » Médicaments » Médicaments sans ordonnance : le danger des arômes
Tyler Olson/shutterstock.com
Smecta® goût fraise, Efferalgan® au cappuccino ou encore Fervex® à la framboise. De plus en plus de médicaments accessibles en libre service en pharmacie présentent des arômes attractifs. Et pas uniquement pour les versions réservées aux tout petits. Michèle Delaunay, députée de Gironde et ex-ministre a écrit à Marisol Touraine, ministre en charge de la Santé. Son objectif, alerter sur les risques de surconsommation et de toxicité.
« Depuis plusieurs mois, des médicaments pour enfants mais aussi pour adultes, délivrés sans ordonnance, se vendent et se développent rapidement avec des saveurs [attractives] », note Michèle Delaunay. « S’il peut être pertinent de donner une saveur agréable pour les enfants en bas âge pour parvenir à les traiter, il n’est en revanche pas souhaitable que des médicaments pour grands enfants et adultes, deviennent un produit de consommation marketing avec un choix de goûts et de saveurs innovants et à la carte », estime-t-elle.
Le risque réside dans une surconsommation dangereuse. « Par exemple une absorption excessive de paracétamol peut bloquer les capacités du foie à métaboliser un médicament associé. Un pas de plus dans la dose absorbée peut être responsable de dégâts hépatiques aigus », explique l’ex-ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie.
Les industriels pointés du doigt
« Les industriels du médicament doivent cesser de développer des produits qui ont pour seul objet de séduire des consommateurs en dehors du seul effet thérapeutique », poursuit-elle. « Ces pratiques doivent être à l’avenir davantage encadrées et réglementées. »
La Direction générale de la Santé rappelle que « l’ajout aromatique a pour objectif de rendre le médicament acceptable pour le patient, en particulier lorsqu’il s’agit d’un enfant, et ainsi d’améliorer le suivi du traitement ». Pour autant, « cet objectif légitime ne doit pas aboutir à un surdosage du fait d’un goût trop attirant. Il ne doit pas non plus être détourné à des fins de marketing. »
La DGS confirme qu’« un débat pourra avoir lieu sur ce sujet à l’occasion du débat parlementaire sur le PLFSS 2017 ». Objectif: « apprécier si un juste équilibre est bien respecté entre les exigences liées à l’observance des traitements et les risques de surdosages liés à des arômes nouveaux proposés par les industriels du médicament, et si par conséquent des évolutions réglementaires ou législatives doivent être envisagées. »
L’ANSM de son côté, a informé l’Agence de Presse Destination Santé qu’ « un projet de recommandations aux industriels pour restreindre l’utilisation marketing des arômes dans les médicaments était en cours d’élaboration. » Le résultat devrait être transmis aux fabricants avant la fin de l’année 2016.
Source : courrier de Michèle Delaunay à la ministre en charge de la Santé, 15 août 2016
Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Laura Bourgault
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