Médicaments : pourquoi les femmes sont plus sujettes aux effets secondaires ?
18 août 2020
Selon des chercheurs américains, lors d’une prise médicamenteuse, les femmes sont plus à risque de souffrir d’effets secondaires. La raison ? Les doses à administrer sont calculées sur la base d'études réalisées en grande majorité sur des hommes.
Des scientifiques de l’Université de Californie à Berkeley et de l’Université de Chicago ont analysé les données de plusieurs milliers d’articles médicaux relatifs aux effets de 86 médicaments (antidépresseurs, antiépileptiques, analgésiques…) autorisés sur le marché américain.
Les auteurs ont ainsi mis en évidence que lors d’une même prise médicamenteuse, les femmes présentaient des concentrations plus élevées de la molécule dans leur sang, et il leur fallait plus de temps pour qu’elle soit éliminée de leur corps.
Dans 90% des cas, ces femmes ont éprouvé des effets secondaires pires, tels que nausées, maux de tête, dépression, déficits cognitifs, convulsions, hallucinations, anomalies cardiaques… Et dans l’ensemble, elles présentaient des réactions indésirables deux fois plus souvent que les hommes.
Une affaire de sexisme
Alors comment expliquer cet état de fait ? La réponse est à chercher du côté du sexisme. Pour le Pr Irving Zucker, principal auteur de ce travail, « pendant des décennies, les femmes ont été exclues des essais cliniques sur la base, en partie, de préoccupations non fondées selon lesquelles les fluctuations hormonales rendent les femmes difficiles à étudier (…) Jusqu’au début des années 1990, les femmes en âge de procréer étaient exclues en raison de préoccupations médicales relatives aux risques pour le fœtus. »
Il faudra en outre attendre 2016 pour que les National Institutes of Health aux Etats Unis reconnaissent ce biais masculin et imposent la parité dans les différents protocoles.
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Source : Biology of Sex Differences, 12 août 2020
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon