Médicaments : quand le déremboursement devient socialement injuste

19 mars 2004

Plus d’une femme sur deux, et un homme sur quatre souffrent de maladie veineuse. En majorité des personnes de condition modeste. Une population qui risque demain, de ne plus avoir droit au remboursement de ses traitements.

Claude Le Pen est professeur d’économie à l’université de Paris-Dauphine. Pour mieux connaître les caractéristiques socio-économiques des patients atteints par la maladie veineuse et qui suivent un traitement veinotonique, il a réalisé une étude sur 6 827 Français des 2 sexes. Logiquement, la population étudiée est majoritairement composée de femmes (85%). Et plus de la moitié ont plus de 50 ans. Un échantillon conforme à la réalité nationale, donc.

Pas complètement. Car selon Claude Le Pen et en comparaison avec la population générale, les patients sous veinotoniques ont un revenu mensuel inférieur. Enfin, les employés et personnels de service sont les principales victimes de la maladie. En fait, celles et ceux qui travaillent debout et piétinent des heures d’affilée. Une vraie maladie professionnelle, qui n’est pas reconnue en tant que telle. Il s’en faut même de beaucoup, puisque ces maladies sont habituellement prises en charge à 35% alors que dans le cas d’espèce, on parle de revenir à un remboursement zéro…

Et les symptômes sont pénibles, voire handicapants. La sensation de jambes lourdes est citée par deux patients sur trois, le gonflement par pratiquement la moitié. Sans oublier les varices, une complication de la maladie veineuse, touchent 44% des malades , pratiquement un sur deux , et enfin les oedemes et ulcères veineux.

Voilà pourquoi l’éventualité d’un déremboursement des veinotoniques réveille une opinion très hostile. Huit patients sur dix réfutent l’idée que le niveau de gravité de la maladie veineuse serait insuffisant pour justifier le remboursement. Et à en croire l’étude Europrisms Santé publiée à l’automne dernier par A+A et Destination Santé, plus de 8 sur 10 refusent de subir une telle décision sans réagir.

  • Source : de nos envoyés spéciaux au Medec, Paris, 16-19 mars 2004.

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