Mélanome : prévention et traitements innovants
21 mai 2019
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Parmi les cancers de la peau, le mélanome jouit d’une très mauvaise réputation. Et il la mérite puisque, s’il représente une minorité des cancers de la peau, c’est le plus grave d’entre eux. Toutefois, des mesures préventives réduisent le risque d’apparition de ce cancer. De plus, il peut aujourd’hui être traité, notamment grâce aux immunothérapies, qui ont modifié profondément sa prise en charge. Les explications du Pr Brigitte Dréno, chef du service de dermatologie, au CHU de Nantes.
Qu’est-ce qu’un mélanome ?
« Le mélanome est une tumeur qui se développe à partir d’une cellule appelée mélanocyte, responsable de la pigmentation de la peau », précise le Pr Brigitte Dréno. « A un moment donné, elle subit de multiples mutations qui vont aboutir à sa transformation en mélanome. En sachant que 70% des mélanomes vont survenir sur une peau d’apparence saine. Les 30% restants se développent à partir d’un grain de beauté (aussi appelé nævus) préexistant. Notons qu’aujourd’hui encore, environ 2 000 décès sont dus au mélanome chaque année en France. »
Comment le prévenir ?
Au niveau de la prévention, le Pr Dréno distingue la prévention primaire de la secondaire. « La première repose sur la protection contre les ultraviolets. Cela passe bien évidemment par l’application d’une crème solaire disposant d’un facteur de protection solaire de 50. Et cela sur toutes les parties du corps exposées. » Bon à savoir, « très peu de produits protègent contre les UVA, connus pour leur potentiel cancérogène. Il est important de bien s’informer auprès des pharmaciens ». Sans oublier bien entendu de porter des lunettes et « un chapeau, notamment pour les hommes qui n’ont plus de cheveux ».
Autre conseil, le Pr Dréno recommande aux parents de ne pas laisser leur enfant dans l’eau en plein soleil avec un simple T-Shirt. « Un vêtement mouillé laisse passer les UV ». Et enfin, évitez de vous exposer entre 12h et 16h.
Quant à la prévention secondaire, elle s’articule autour du dépistage. « Montrer sa peau régulièrement à un dermatologue permet de bien évaluer le risque de mélanome. J’insiste également beaucoup sur l’importance de l’auto-surveillance, au moins trois fois dans l’année. Il faut par exemple, se méfier d’une tache brune qui apparaît brutalement et qui grossirait. »
De nouvelles perspectives de prise en charge ?
L’arrivée de l’immunothérapie a bouleversé la prise en charge des mélanomes en 2011. Ces traitements visent à stimuler les propres défenses immunitaires (les lymphocytes, aussi appelés globules blancs) de l’organisme des patients contre les cellules cancéreuses.
Dernière avancée en date, « c’est la combinaison de deux immunothérapies. Cette approche est intéressante dans le sens où ces deux traitements visent des cibles différentes mais complémentaires pour combattre la tumeur. Les lymphocytes T dans le ganglion, pour la première et les mêmes lymphocytes dans la tumeur, pour la seconde. Plus de 50% des patients atteints d’un mélanome avec métastases sont en vie à 4 ans. » Cette stratégie d’immuno-oncologie est à présent disponible en France.
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Source : Interview du Pr Brigitte Dréno, 29 avril 2019
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon