Méningite B : une politique vaccinale timide

01 juillet 2014

Contre la méningite à méningocoque de type B, nous disposons désormais d’un vaccin. Et ceci depuis plus de 6 mois. Mais aujourd’hui les recommandations françaises sont encore très limitées. A l’inverse, nos voisins européens prennent des mesures bien plus offensives. Les explications du Dr Catherine Weil Olivier, pédiatre à l’Université Paris VI.

Depuis le mois de décembre 2012, un nouveau vaccin – Bexsero® – est disponible en France. Il vise à protéger contre la méningite à méningocoque de type B. Les autorités sanitaires françaises ont décidé de recommander la vaccination aux populations et zones en situation de risque spécifique. « Ces recommandations françaises sont pour le moment très limitées à des groupes, ou des zones géographiques, qui sont connus comme étant à risque de méningite à méningocoque en particulier celles dues à la souche B », explique le Dr Weil-Olivier.

Selon elle, cette politique vaccinale n’est qu’un premier pas. « Nous attendons d’un vaccin qu’il assure une protection de longue durée contre la souche B et qu’il diminue le risque de transmission dans la population non vaccinée ». C’est ce que les spécialistes appellent la protection de groupe. « Le fait que le vaccin ait été approuvé est un gage de qualité. En matière de prise de décision d’une stratégie de vaccination, il est également important de confirmer la diminution de la transmission et la durée de protection ». Or ces éléments essentiels ne peuvent paradoxalement s’obtenir qu’en vaccinant plus largement. Ce qui n’est pas le cas actuel de la France. Pour le Dr Weil-Olivier, « nous sommes dans un cercle vicieux. Nous n’avons pas assez de données donc on ne vaccine pas largement et du coup nous n’avançons pas ».

Les Anglais vaccinent

Certains pays semblent avoir répondu à cet aspect en adoptant des politiques bien plus offensives que celle de la France. Le Royaume-Uni a décidé de cibler tous les nourrissons de moins de deux ans. Deux régions italiennes suivent la même ligne. « Leur objectif est de mettre en avant l’efficacité individuelle du vaccin dans cette population », explique le Dr Weil-Olivier.

En Allemagne, plus de 35 caisses d’Assurance-maladie ont décidé de rembourser le vaccin pour tous les enfants âgés de 2 mois à 18 ans. La Pologne et la République tchèque recommandent également la vaccination systématique des nourrissons et des enfants. Enfin l’Australie vient de recommander la vaccination de tous les enfants de moins de deux ans et des adolescents. Les autorités sanitaires françaises scruteront sûrement avec attention ce qui se passe chez nos voisins.

  • Source : Interview du Pr Catherine Weil-Olivier, 20 juin 2014

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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