Méningite : des autorités trop silencieuses

21 mars 2014

La région PACA a enregistré 13 cas de méningite à méningocoque dont 4 mortels depuis le début de l’année. Un adolescent de 12 ans a encore été touché le 11 mars à Nice. Un nouveau décès a été observé récemment en Seine-Saint-Denis. Par la voix de sa présidente, Patricia Merhant-Sorel, l’Association Petit Ange dénonce l’inertie des pouvoirs publics. « Nous entendons parler uniquement des décès, jamais de la possibilité de prévenir par la vaccination la méningite à méningocoque de type B notamment».

Depuis décembre 2013, le vaccin Bexsero® est disponible en France. Il s’agit du premier vaccin contre les méningites à méningocoque de type B. Il couvre plus de 85% des souches. Actuellement, le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) ne recommande pas l’utilisation du vaccin en prévention de la méningite B dans la population générale. Seules les populations à risque, comme les immunodéprimés et les populations des territoires considérés en situation de risque spécifique (endémie, hyper endémie,…) sont ciblées par les recommandations. C’est le cas aujourd’hui de quelques cantons des Pyrénées-Atlantiques, de la Seine-Maritime, et de la Somme.

Quid de la région PACA ? Pour le moment les autorités restent silencieuses. « Pourquoi suite aux nombreux cas dans la région PACA, les autorités n’agissent pas ? », s’emporte Patricia Merhant-Sorel. « Il y a encore des malheurs, des décès et je ne comprends pas que l’on ne dise pas aux Français qu’il existe un vaccin. On ne fait que compter les morts. J’imagine l’état des familles, ils viennent d’apprendre ce décès. Nous sommes complètement atterrés par ce silence.».

Contre la méningite B, un vaccin efficace

Comme l’exprime tristement Patricia, la France s’illustre par un silence dramatique. A nos frontières pourtant, nos voisins prennent des décisions de santé publique. Et ceci alors qu’ils ne sont pas touchés dans les mêmes proportions par les méningites de type B :

  • En Allemagne, plus de 35 caisses d’Assurance-maladie ont spontanément décidé de rembourser le vaccin pour tous les enfants âgés de 2 mois à 18 ans ;
  • En Italie du Sud, la région de Basilicate recommande et finance l’intégration du vaccin au programme de vaccination infantile chez tous les nourrissons ;
  • La Pologne et la République tchèque recommandent également via leurs sociétés savantes la vaccination systématique des nourrissons et des enfants ;
  • Enfin l’Australie vient de recommander la vaccination de tous les enfants de moins de deux ans et celle des adolescents.

Cet état des lieux traduit la frilosité des autorités françaises, en matière de vaccination. Aucune information au niveau du grand public n’a d’ailleurs été diffusée. Ce que dénonce fermement l’Association Petit Ange. « Beaucoup de familles nous appellent car elles sont désemparées. Elles ne savent même pas qu’un vaccin existe. Il y a vraiment un problème de prévention, d’information et de sensibilisation sur la vaccination. Or nous pourrions éviter ces décès ». Comment expliquer cette situation ? « Le message ne passe pas. Par rapport à la vaccination, les Français ont toujours peur. Et les autorités ne nous aident pas à rassurer le public. Or pour certains parents c’est trop tard, ils ont déjà perdu leur enfant. C’est dramatique ».

Chaque année dans notre pays, on estime entre 500 et 800 le nombre de cas de méningite à méningocoque, dont 10% sont mortels. Au total, le méningocoque de type B est responsable de plus de deux cas sur trois, le C  de 15 à 20% des cas et moins de 10% pour chacun des sérogroupes W et Y.

  • Source : Interview de Patricia Merhant-Sorel, 13 mars 2014 – Communiqué de presse Novartis, 14 mars 2014

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot

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