MICI : l’appendicectomie préventive, un risque de cancer du côlon

21 septembre 2016

Une appendicectomie réalisée en cas d’inflammation de l’appendice protège de la rectocolite hémorragique. Sans appendicite en revanche, elle exposerait les personnes atteintes par cette maladie inflammatoire chronique de l’intestin à un risque majeur de cancer du côlon. C’est ce que suggèrent les travaux d’une équipe INSERM qui alerte sur les risques de cette chirurgie « préventive ».

Difficile de démêler les relations entre rectocolite hémorragique, cancer du côlon et appendicectomie… « Les données indiquent que l’ablation de l’appendice protège contre l’apparition de la rectocolite hémorragique et réduit les symptômes chez les personnes atteintes par cette maladie », indiquent les chercheurs de l’INSERM. « Par ailleurs, la rectocolite hémorragique accroîtrait le risque de cancer du côlon. »

Dans ces conditions, il semblerait logique qu’une appendicectomie préventive réduise ce risque de cancer. Il n’en est rien, ce serait même plutôt le contraire.

La preuve chez des souris

Les scientifiques ont évalué l’impact de cette opération chez des souris pouvant développer, spontanément au cours de leur vie, une rectocolite hémorragique. Dans un premier groupe de rongeurs, ils ont induit une inflammation de l’appendice. Après une ablation de l’appendicite, les animaux ont été totalement protégés de la rectocolite.

Dans un second groupe, même opération mais sans appendicite préalable cette fois ci. Eh bien, les souris ont non seulement présenté les symptômes de la maladie, mais en plus, 70% d’entre elles ont développé un cancer du côlon quatre à cinq semaines après l’intervention.

Gare à la prophylaxie

Cet effet carcinogène rapide et totalement inattendu a incité les auteurs à rechercher ce risque chez l’homme. Ils ont alors consulté les dossiers de 232 patients atteints de rectocolite hémorragique. Parmi eux, 15 avaient subi une appendicectomie au cours de leur vie, « très probablement sans appendicite préalable puisque cela les aurait protégés de la rectocolite hémorragique », notent les auteurs.

Parmi ces 15 patients, 5 avaient développé un cancer du côlon (33%) et 4 présentaient une dysplasie de haut grade, c’est à dire un état pré-cancéreux (27%).

En comparaison, chez les patients touchés par cette MICI et ayant toujours leur appendice, le taux de cancer du côlon était de 5%, celui de dysplasie de 8%.

« L’appendicectomie réalisée en dehors du contexte d’une appendicite pourrait donc multiplier par presque 17 le risque de dysplasie et de cancer colique chez les patients atteints de rectocolite hémorragique », notent Eric Ogier-Denis et Xavier Tréton, responsables de ces travaux.

« Alors que cette opération est de plus en plus souvent réalisée à titre préventif chez les enfants, à l’occasion d’une opération à ventre ouvert, il paraît nécessaire de s’interroger sur la pertinence de cette pratique à long terme », concluent les chercheurs.

  • Source : INSERM, 20 septembre 2016

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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