MICI : la malbouffe, possible facteur de risque
16 juillet 2021
Les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) concernent 20 millions de personnes dans le monde, particulièrement dans les pays industrialisés. Plusieurs facteurs sont en cause dans leur apparition. Selon une étude parue dans le BMJ, la nourriture ultra-transformée pourrait en faire partie.
Ce sont des maladies très invalidantes, qui évoluent par poussées. Les maladies inflammatoires chroniques (MICI) regroupent la maladie de Crohn, qui se traduit par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif entre la bouche et l’anus, et la rectocolite hémorragique, avec une inflammation localisée au niveau du côlon et du rectum. Les poussées inflammatoires provoquent une grande fatigue, de violentes douleurs abdominales et des diarrhées parfois sanglantes.
La dérégulation du système immunitaire intestinal en cause dans ces maladies résulte d’une combinaison de facteurs : « il existe une susceptibilité génétique aux MICI et le risque d’en développer une augmente de 6 à 10% en cas d’antécédents familiaux », rappelle l’Inserm. A cela s’ajoute des facteurs environnementaux dont l’alimentation fait partie. L’Inserm a par exemple exploré la piste des émulsifiants, utilisés par l’industrie agro-alimentaire pour stabiliser l’émulsion entre l’eau et l’huile, par exemple.
115 000 régimes alimentaires étudiés
D’autres chercheurs ont étudié la piste de la nourriture ultra-transformée*, comme cette équipe internationale auteure d’un travail tout juste publié dans le British Medical Journal. Les scientifiques ont exploité les informations alimentaires détaillées de plus de 115 000 adultes âgés de 35 à 70 ans, vivant dans une vingtaine de pays à revenus faibles, moyens et élevés.
Pendant la période de l’étude, entre 2003 et 2016, plus de 400 participants ont développé une MICI. Les chercheurs ont observé que, comparé aux personnes consommant moins d’une portion d’aliments ultra-transformés par jour, le risque de développer la maladie de Crohn ou une rectocolite hémorragique augmentait de 82% pour les personnes consommant cinq portions ou plus par jour et de 67 % pour une à quatre portions par jour.
Sur-risque
La consommation quotidienne importante de ce type de produits est donc associée à un risque plus élevé de maladies inflammatoires de l’intestin. Dans le détail, les boissons gazeuses, les aliments sucrés et raffinés, les snacks salés et la viande transformée exposent à un sur-risque. Egalement étudiés, la viande blanche, la viande rouge non transformée, les produits laitiers, l’amidon, les fruits, les légumes et les légumineuses ne sont pas associés à un risque plus élevé de MICI.
Les chercheurs restent toutefois prudents : même si l’échantillon étudié est de taille très importante, il s’agit d’une étude observationnelle qui ne permet pas de conclure à un strict lien de causalité. Tout en appelant à la mise en œuvre d’autres études, ils estiment néanmoins que leurs résultats « soutiennent l’hypothèse selon laquelle la consommation d’aliments ultra-transformés pourrait être un facteur environnemental qui augmente le risque de MICI ».
* Produits de boulangerie, snacks emballés, boissons gazeuses, céréales sucrées, plats préparés contenant des additifs alimentaires, produits à base de viande et de poisson reconstitués…
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Source : BMJ, Inserm, consultés le 13 juillet 2021
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet