Moins d’amis en vieillissant ? Les chimpanzés aussi
28 octobre 2020
Comment choisissons-nous nos amis ? Et pourquoi en avons-nous moins à mesure que nous vieillissons ? Des chercheurs de Havard ont tenté de comprendre si cette tendance était propre aux humains. Ils ont découvert que les chimpanzés avaient un fonctionnement similaire.
L’homme et le chimpanzé ont environ 99% de leur ADN en commun. Mais la ressemblance n’est pas seulement génétique, elle est également comportementale, notamment en matière de relations sociales et particulièrement d’amitié. C’est le résultat d’un travail au long cours signé par des psychologues et primatologues du département de biologie évolutive humaine de l’Université de Harvard.
Publiée dans la revue Science, leur étude est le fruit de l’analyse de 78 000 heures d’observations, réalisées entre 1995 et 2016 sur 21 chimpanzés mâles entre les âges de 15 et 58 ans. Pourquoi seulement mâles ? Parce que les femelles avaient des liens sociaux moins forts et fréquents. Les primates ont été observés au Parc national de Kibale, en Ouganda.
Epouillage et vieux amis
A partir de ces observations, les chercheurs ont établi que les chimpanzés les plus âgés ne cherchaient pas à développer de nouvelles amitiés mais avaient tendance, comme les humains, à privilégier de petits cercles d’amitiés mutuelles, fortes et construites au fil des ans. Parmi les marques de ces amitiés au long cours, l’« épouillage », un rituel utilisé pour apaiser les tensions et renforcer les liens sociaux. Les singes plus jeunes, eux, privilégiaient les relations interindividuelles.
Autre comportement que les chercheurs pensaient jusque-là réservé aux humains : le fait qu’en vieillissant, les singes se détournaient des relations générant conflits et tensions, pour privilégier les relations « positives ». En psychologie, cette tendance s’appelle le « biais de positivité » : il s’agit d’un biais de mémoire qui conduit les personnes âgées à se souvenir de préférence d’évènements positifs plutôt que d’évènements négatifs.
Pour les chercheurs, ces similitudes ne sont pas étonnantes : fondateur du programme d’études des chimpanzés de Kibale, le Dr Richard W. Wrangham estime que « cela soulève la possibilité que nous mettions au jour des systèmes comportementaux partagés de manière évolutive avec notre ancêtre commun, il y a environ sept ou huit millions d’années ».