Mort subite du nourrisson : ces paquets de couches qui faussent les messages de prévention
23 octobre 2023
Des chercheurs ont passé au crible les images figurant sur les emballages de couches pour bébé. Pour 79 % des paquets où figurait un bébé endormi, les recommandations de prévention de la mort subite du nourrisson n’étaient pas respectées.
Les représentations des bébés sur les emballages des paquets de couches les mettent-ils en danger ? Une équipe européenne, dont des chercheurs de l’Inserm, a étudié les images présentes sur les emballages de couches pour bébé dans onze pays européens. Seules les couches pour les nourrissons de moins de 5 kg – les plus exposés au risque de mort subite – ont été analysées. « L’équipe de recherche a ainsi identifié 631 emballages de couches pour bébés de moins de 5 kilos. Sur 49 % d’entre eux, une image représentait un bébé endormi. Les analyses indiquent que 79 % des paquets représentant un bébé endormi, soit 39 % de l’ensemble des paquets, étaient non conformes avec au moins une recommandation de prévention de la mort subite », note l’Inserm dans un communiqué du 23 octobre 2023.
Des chiffres qui ne baissent plus
La mort subite du nourrisson – la mort inattendue et restant inexpliquée d’un bébé après une enquête approfondie – est la première circonstance de décès chez les enfants âgés de 28 jours à 1 an. Elle concerne chaque année en France, entre 250 et 350 enfants, selon Santé publique France et trois quarts de ces décès surviennent avant l’âge de 6 mois. Dès le début des années 90, le fait de coucher un enfant sur le ventre a été identifié comme le facteur de risque majeur du syndrome de mort subite du nourrisson. La diffusion de recommandations internationales a ainsi permis de diminuer de 80 % de la mort subite en France. Mais le taux d’incidence ne baisse plus ces dernières années dans l’Hexagone et dans plusieurs autres pays d’Europe, alors qu’ « une fréquence élevée de pratiques parentales de couchage non conformes aux recommandations a été notée », détaille l’Inserm.
45 % des bébés endormis sur le ventre ou en position latérale
« D’après la littérature scientifique, on sait que les images véhiculant des messages de santé implicites ou explicites se sont montrées efficaces pour modifier de nombreuses pratiques en santé (consommation d’alcool pendant la grossesse, allaitement maternel…). On sait aussi que si les images publicitaires ont historiquement constitué d’importants outils de persuasion, elles ont également toujours été une source d’information auprès des consommateurs », explique l’Inserm. Pourtant sur les paquets de couches où apparaît un bébé endormi, il l’était en position ventrale ou latérale dans 45 % des cas, dormait dans une literie ou à proximité un objet mou (tour de lit, couverture, ours en peluche…) dans 51 % des cas. Et 10 % d’entre eux dormaient avec une autre personne.
Empêcher l’exposition à des images non-conformes
Les chercheurs plaident pour des visuels conformes aux recommandations pour la prévention de la mort subite du nourrisson. « Nos résultats soulignent qu’il y a un décalage entre les messages qui sont véhiculés sur ces produits du quotidien ou des sites institutionnels, auxquels de nombreux parents sont fortement exposés, et les recommandations pour la prévention de la mort subite. Ces résultats suggèrent la nécessité d’actions de la part des fabricants et des législateurs pour empêcher cette exposition à des images commerciales ou officielles non conformes aux recommandations de prévention de la mort subite du nourrisson afin de prévenir des pratiques de couchage dangereuses », conclut Martin Chalumeau, dernier auteur de l’étude, épidémiologiste à l’Inserm, professeur à Université Paris Cité et pédiatre à l’AP-HP.
A noter : Les sept recommandations de l’American academy of pediatrics sont coucher le bébé sur le dos, sur une surface ferme, dans un lit sécurisé, dans la chambre des parentales, sans aucun objet ou accessoire de literie mou à proximité, sans qu’aucune autre personne ne partage la surface de couchage. Elle recommande enfin d’utiliser une tétine, qui empêcherait l’enfant de suffoquer.
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Source : Inserm 23 octobre 2023, Santé publique France
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche