Mort subite du sportif : bientôt un ECG pour tous
11 octobre 2012
Chaque année en France, entre 600 et 800 sportifs amateurs décèdent sur un terrain de sport. Soit pratiquement, 2 morts par jour ! Dans la plupart des cas, ils ont moins de 35 ans et souffrent d’une malformation cardiaque qui était passée inaperçue. Depuis quelque temps, des médecins du sport et des sociétés savantes demandent que la réalisation d’un électrocardiogramme (ECG) de repos soit rendue obligatoire chez tout jeune sportif. Ils le font sans relâche, car cet examen permettrait sans doute de prévenir une forte proportion de ces décès.
Dans le sillage du Dr Richard Amoretti, cardiologue et directeur d’enseignement du DU de cardiologie du sport au CHU de la Pitié-Salpêtrière (Paris), les médecins du sports sont de plus en plus nombreux à réclamer cette obligation.
Comme nous l’explique Richard Amoretti, « en Europe, seule l’Italie a imposé cet examen de dépistage, capable de détecter au moins les deux-tiers des malformations cardiaques à risque de mort subite ». La plus courante de ces malformations, c’est la cardiomyopathie hypertrophique.
En France, l’intérêt de l’ECG de repos a été relancé en 2003, après qu’aient été publiés deux travaux montrant son impact positif sur le risque de mort subite du jeune sportif, avant 35 ans. « Ce bilan cardiologique deviendra obligatoire chez nous, comme il l’est en Italie. Toute la question est de savoir quand », poursuit le Dr Amoretti. « Le projet est dans les tiroirs du ministère de la Santé depuis deux ans… ».
Former les médecins…
S’il devient obligatoire, il n’en restera pas moins nécessaire de former tous les médecins du sport, mais également bon nombre de généralistes à la réalisation et à l’interprétation de cet examen. Celui-ci pourrait être réalisé dès l’âge de 12 ans, « mais l’idéal serait de le pratiquer dès (qu’un sportif se met à faire) de la compétition », précise le Dr Amoretti.
Il ajoute d’ailleurs, que « la prévalence de la mort subite chez le sportif plus âgé –c’est-à-dire après 35 ans, est environ 100 fois plus importante. Dans pareil cas, la cause en est le plus souvent une maladie coronaire sous-jacente ». Une bonne raison si vous reprenez une activité sportive à la quarantaine, de rendre visite à votre médecin. Il vous prescrira le cas échéant, un test d’effort.
Et pourquoi pas une autopsie ?
Comme le rappelait récemment l’Académie nationale de médecine, une grande partie des décès qui surviennent sur un terrain de sport reste sans cause déterminée. C’est pourquoi celle-ci a recommandé que tout décès survenant dans ces conditions soit « obligatoirement suivi d’une autopsie ». Richard Amoretti, avec ses confrères médecins du sport, appuie cette demande car elle est susceptible de contribuer fortement à la compréhension de ces morts subites. Et bien-sûr, à leur prévention.
La prévention de la mort subite du sportif d’ailleurs, comme l’intérêt de l’ECG de repos, feront l’objet d’une présentation à l’occasion des prochaines Journées internationales de Médecine du Sport (JIMS). Celles-ci se dérouleront à l’Ile Maurice, du 18 au 24 novembre 2012. Des médecins du sport, mais aussi des sportifs de haut niveau, pourront y partager leur expérience et bâtir des propositions pour une politique commune de prévention et de prise en charge.