Mortalité maternelle : la France aussi
12 décembre 2006
Chaque année en France, environ soixante femmes meurent après avoir donné la vie. Soit un taux de mortalité maternelle estimé entre 9 et 13 décès pour 100 000 naissances. C’est trop élevé, d’après les rédacteurs du dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
« L’événement peut être considéré comme rare » analyse Renée Pomarède, de la Direction générale de l’Institut de Veille sanitaire (InVS). « Il l’est, bien entendu, si l’on se tourne vers les pays en développement où le taux de mortalité maternelle peut atteindre 500 pour 100 000 naissances ». En revanche, la comparaison avec d’autres pays européens est bien moins flatteuse…
Surtout par rapport à des pays comme la Suède et le Danemark où ce taux oscille entre 2 et 5 pour 100 000. « La France est le seul pays européen où les hémorragies constituent la première cause de mortalité maternelle » poursuit-elle. « Dans la majorité des cas, ces décès sont évitables et liés à des pratiques médicales qu’il convient encore d’améliorer ».
Depuis plus de 30 ans, le taux de mortalité maternelle ne cesse de baisser en France. Mais une tendance moins nette » est observée ces dernières années. « Ce qui est clairement à mettre en lien avec l’augmentation continue de l’âge de la première maternité ».
Le dérapage des césariennes
Autre constat bien plus navrant, dans notre pays le risque de mortalité maternelle est deux fois plus élevé chez les femmes qui ne sont pas originaires de l’Union européenne ! « Ce qui nous renvoie à des questions d’égalité d’accès à la prévention et aux soins » explique Renée Pomarède.
Laquelle se dit aussi préoccupée par la véritable explosion du nombre d’accouchements par césarienne. La part de ces derniers est ainsi passée de 10,8% en 1981 à 20,2% en 2003 ! Or une césarienne, c’est un risque de mortalité maternelle multiplié par 3,5, enchaîne-t-elle, insistant sur « l’importance d’en limiter les indications et d’exclure les césariennes de confort ».
Rappelons enfin que la diminution de la mortalité maternelle constitue l’un des 100 objectifs fixés par la loi de santé publique d’août 2004. En 44ème position, il est ainsi prévu de « passer d’un taux actuel estimé entre 9 et 13 pour 100 000 naissances à 5 pour 100 000 » d’ici… 2008.