Mortalité maternelle : maladies cardiovasculaires, suicides et inégalités
14 mars 2023
La mortalité maternelle est stable en France depuis plusieurs années. Mais cela ne signifie pas qu’elle ne subit aucune évolution. Les dernières données de suivi national révèlent que les maladies cardiovasculaires et les suicides sont désormais des causes plus fréquentes que les hémorragies. Autre constat : les inégalités qui entraînent des retards de soins restent profondes.
De quoi meurent les femmes enceintes et les jeunes mères en France ? C’est à cette question que permet de répondre le système renforcé de surveillance de la mortalité maternelle baptisée Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM). Son dernier baromètre – qui a identifié chaque décès survenant pendant la grossesse, le travail et l’accouchement et jusqu’à un an après l’accouchement entre 2013 à 2015 – rapporte un total de 262 décès, ce qui correspond à 10,8 pour 100 000 naissances vivantes.
Premier constat : contrairement aux années précédentes, « l’hémorragie obstétricale n’est plus la première cause de mortalité maternelle », notent les rédacteurs du Bulletin d’épidémiologie hebdomadaire (BEH) qui s’en fait l’écho. Ce sont désormais des causes « indirectes » qui prennent le pas : précisément les maladies cardiovasculaires et le suicide.
Comment expliquer ce changement ? Concernant les maladies cardiovasculaires, les chiffres « reflètent probablement l’évolution démographique des femmes enceintes en France », suggèrent les auteurs. En effet, les femmes ont des enfants plus tardivement dans la vie, ce qui les expose davantage à ces pathologies favorisées par le vieillissement. Par ailleurs, désormais « les maladies cardiovasculaires et le suicide représentent les principales causes de décès dans de nombreux pays à revenu élevé », de manière générale.
Femmes des DROM et femmes nées en Afrique défavorisées
Autre observation : les disparités régionales et sociales de la mortalité maternelle persistent. Les premières défavorisent nettement les femmes dans les départements et régions d’outre-mer (DROM). En effet, la mortalité maternelle s’avère trois fois plus élevée en Martinique, Guadeloupe, Guyane, à la Réunion et Mayotte, par rapport à la France métropolitaine.
Les inégalités sociales elles, mettent davantage en péril les femmes nées en Afrique subsaharienne par rapport à celles nées en France ou dans d’autres pays. Plus précisément, ces femmes subissent des retards de soins plus importants que les autres. Il peut s’agir d’un retard concernant la décision de consulter, d’un retard à l’arrivée dans un établissement de santé ou d’un retard concernant la délivrance d’une offre de soins adaptée, selon les critères de qualité des soins définis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Comment prévenir les décès maternels évitables ?
La plupart des décès liés à un retard de soins « auraient probablement été évités en modifiant les stratégies de prévention, l’organisation des soins ou les soins eux-mêmes », estiment les auteurs. C’est pourquoi il est important de concentrer les actions de prévention à la fois « sur la réduction des inégalités de soins liés à la grossesse », précisent-ils. Tout en agissant « sur la santé cardiovasculaire et la santé mentale pendant et après la grossesse. » Avec pour « objectif ultime de prévenir tous les décès maternels évitables. »