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C’est l’histoire d’une femme qui emmène son enfant consulter des médecins, leur décrivant les symptômes fictifs dont il souffrirait, symptômes qu’elle feint, provoque ou entretient elle-même, en l’empoisonnant ou en le blessant par exemple. L’enfant subit alors de multiples examens, voire des interventions chirurgicales, il endosse injustement une étiquette de « malade » et finit parfois par le devenir…
Tel est le cas typique d’un « syndrome de Münchhausen par procuration » (ou SMPP), un trouble psychiatrique décrit en 1977. Ce nom fait référence à un autre trouble, le syndrome de Münchhausen – du nom du célèbre baron réputé pour ses aventures fantasmagoriques, qui consiste à s’inventer des maladies afin d’attirer l’attention des médecins, qui n’y voient souvent que du feu. Dans le SMPP, c’est généralement sur un proche que sont projetés ces symptômes, physiques ou psychiques. Mais le terme est confus, désignant à la fois le « malade » (l’abuseur) et sa victime. Il n’existe d’ailleurs pas, dans la dernière version de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexe (CIM-11) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), parue en février 2022, qui évoque plus précisément le « trouble factice imposé à autrui ».
Comme l’expliquent des chercheurs de la Clinique de Cleveland dans l’Ohio, les personnes atteintes de ce syndrome ont un besoin intérieur que leur enfant (ou toute autre personne dépendante) soit considéré comme malade ou blessé, histoire d’attirer la sympathie et de gagner des éloges.
S’il n’existe pas de statistiques fiables concernant le syndrome de Münchhausen par procuration, les estimations suggèrent qu’environ 1 000 des 2,5 millions de cas de maltraitance d’enfants signalés chaque année aux Etats-Unis y sont liés.
Enfin, il est très difficile de diagnostiquer – et donc de traiter – ce syndrome, dans la mesure où la personne concernée « est souvent dans le déni ou est un mythomane accomplie ». Quoiqu’il en soit, la prise en charge doit passer par une thérapie cognitive et comportementale.
A noter : Le SMPP est aussi à l’origine de plusieurs controverses. Notons par exemple que son « découvreur », le pédiatre britannique Ray Meadow, était également expert judiciaire. Il a envoyé plusieurs femmes en prison en les accusant à tort d’être atteintes de ce syndrome et d’avoir causé la mort subite de leurs nourrissons. Il a été désavoué et radié de l’Ordre des médecins.
Source : Bursch, B. et al. “Evaluation and Management of Factitious Disorder Imposed on Another” Journal of Clinical Psychology in Medical Settings, 28, 67–77 (2021) (https://doi.org/10.1007/s10880-019-09668-6)
Ecrit par : Clara Delpas - Édité par : Emmanuel Ducreuzet