NACO : à médicaments sensibles, précautions d’emploi strictes
27 novembre 2013
© Phovoir
Mobilisation générale ce mercredi matin à l’Agence du médicament, autour des nouveaux anticoagulants oraux, les NACO. ANSM, Assurance-maladie et HAS : les autorités sanitaires ont dressé un état des lieux des prescriptions en France, de ces molécules particulièrement sensibles. Les « précautions d’emploi doivent être strictement respectées », insistent-elles. Notamment chez le sujet âgé et certains patients polymédiqués.
Les anticoagulants sont des médicaments utilisés pour fluidifier le sang et prévenir la formation d’un caillot, diminuant notamment le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC). Jusqu’à ces dernières années, les médecins ne disposaient que des anti-vitamines K (AVK) ; la vitamine K étant l’un des facteurs impliqués dans la coagulation.
Les AVK ont largement démontré leur efficacité mais ils sont difficiles à manier. Chez un même patient, le niveau de coagulation peut en effet varier d’un jour à l’autre dans des proportions importantes. Pour le surveiller – et donc limiter le risque hémorragique – le malade doit recourir une à deux fois par mois, à une prise de sang.
Depuis 2008, de nouveaux anticoagulants – les NACO donc – plus simples à manier car n’exigeant pas de prises de sang régulières, sont arrivés sur le marché. Trois molécules sont disponibles : Eliquis® (apixaban), Pradaxa® (dabigatran étexilate) et Xarelto® (rivaroxaban). Leur prescription suscite un vif débat en France d’autant que des plaintes ont été déposées pour l’un d’eux.
De plus en plus prescrits. Comme tout nouveau médicament, ces NACO sont étroitement surveillés, d’autant plus que les prescriptions ont bondi ces dernières années. Selon l’Assurance-maladie, près d’un anticoagulant utilisé en 2013 sur trois est un NACO. Les traitements par AVK restent toutefois largement majoritaires. Au cours du troisième trimestre 2013, plus d’un million de patients étaient traités par AVK contre 265 000 pour les NACO.
100 000 patients ont « switché ». Comme le souligne l’ANSM, « on constate un large recours à ces nouveaux médicaments en initiation de traitement ». Ainsi, en moins d’un an, près de la moitié des patients débutant un traitement anticoagulant oral s’est vue prescrire un traitement par NACO. Quant aux changements de traitements AVK vers NACO, ils ont représenté près de 100 000 patients sur la même période.
A ce jour, « les données de surveillance (…) montrent des effets rapportés conformes à ceux qui étaient attendus, en particulier sur le plan hémorragique, effet indésirable le plus fréquent et commun à tous les anticoagulants ».
L’impact des co-prescriptions. Les autorités ont toutefois quelques bonnes raisons d’insister sur les recommandations de bon usage, formulées récemment par la HAS. Et pour cause, selon des études menées par l’Assurance-maladie, « que des patients sous NACO prend de façon concomitante des médicaments qui majorent le risque hémorragique ». Comme des antiagrégants plaquettaires (dans 15% cas) ou de l’amiodarone, une molécule indiquée dans l’arythmie cardiaque (21%).
Et la fonction rénale ? Les autorités sanitaires rappellent aussi l’importance d’un suivi rénal étroit. Or « sur le dernier trimestre 2012, près de 10% des patients débutant un traitement par NACO avaient plus de 80 ans et plus sans surveillance de leur fonction rénale. »
De 5% à 10% d’hors AMM. Quant au non-respect de l’Autorisation de mise sur le marché (AMM), il ne concernerait « que » 5% à 10% des prescriptions (chiffres du dernier trimestre de 2012).
Les résultats de nouvelles études pharmaco-épidémiologiques sont attendus « pour le premier semestre 2014 ». En attendant, l’ANSM en remet une couche : « ces traitements doivent être pris de manière très stricte, dans le respect de la prescription médicale et ne doivent, en aucun cas, être modifiés ou arrêtés par le patient sans avis médical ».
Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet