Nanoparticules : le cerveau en danger ?
09 novembre 2011
Les nanoparticules sont des éléments extrêmement petits. Si petits que certains, les nanoparticules de dioxyde de titane, seraient capables de traverser la barrière hémato-encéphalique. Cette protection physiologique entourant le cerveau est pourtant réputée impénétrable. Une équipe du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) et de l’Université Joseph Fourier, de Grenoble, a mis en évidence cette « faiblesse » lors d’essais in vitro sur une barrière hémato-encéphalique synthétique.
En testant l’action d’une grande quantité de nanoparticules de dioxyde de titane sur une barrière hémato-encéphalique synthétique, les chercheurs ont constaté une altération de cette dernière. Ils ont noté une réaction « proche de celle observée dans un contexte inflammatoire », indique Eric Quemener, directeur du programme de toxicologie du CEA. Les nanoparticules de dioxyde de titane auraient en outre « la capacité inattendue – à dose élevée – de franchir cette barrière réputée étanche, et à y interférer avec certaines fonctions biochimiques clefs », ajoute-t-il.
C’est la première fois que des chercheurs se penchent sur l’impact de ces particules très récentes au niveau du système nerveux central. Elles sont pourtant largement utilisées dans les peintures, les cosmétiques, et notamment dans les protections solaires. Elles permettent de rendre une crème plus transparente et facile à appliquer. « Une exposition chronique, in vivo, pourrait entraîner leur accumulation dans le cerveau avec un risque de perturbation de certaines fonctions cérébrales », suggèrent les auteurs.
Toutefois, « la caractérisation du risque pour l’homme implique de mieux prendre en compte les facteurs d’exposition (quantité reçue à l’organe cible, forme chimique du composé…) et certaines vulnérabilités (âge, dépendance à d’autres facteurs génétiques ou environnementaux…) », souligne Eric Quemener. Enfin, « l’étude ne montre pas si ces effets sont réversibles », conclut-il.
Légende photo : Observation en microscopie électronique des cellules endothéliales cérébrales de la BHE exposées à des nanoparticules de dioxyde de titane
A : Cellules non exposées B : Exposition précoce C-D : Exposition aigüe E-F : Exposition chronique
(Agrandissement : 14,000x, Echelle : 500 nl, Ap : Pôle apical, Bl : Pôle basal, N : Noyau)
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Source : CEA, Université Joseph Fourier, Grenoble, 26 octobre 2011 ; interview d’Eric Quemener, directeur du programme de toxicologie du CEA, 28 octobre 2011