Nourrissons : l’ostéopathie, un effet de mode dangereux ?

30 avril 2025

La pratique de l'ostéopathie chez les nouveau-nés et nourrissons fait l'objet d'une controverse croissante dans le monde médical. Alors que de nombreux parents y ont recours, certains professionnels, à l’instar de la Société Française de Pédiatrie, alertent sur l'absence de preuves scientifiques et les risques liés à ces manipulations.

Le nombre d’ostéopathes a doublé en dix ans en France, passant de 20 000 en 2014 à près de 40 000 en 2024. La France est aujourd’hui l’un des pays où l’on pratique le plus l’ostéopathie sur les nourrissons. Ainsi, de nombreux parents y ont recours pour des problèmes fréquents comme les coliques, les pleurs, les difficultés d’allaitement ou encore les troubles du sommeil.

Cependant, cette popularité suscite des inquiétudes parmi les spécialistes. Dans un communiqué commun, la Société Française de Pédiatrie (SFP) et le Syndicat de Médecine Manuelle Ostéopathie de France (SMMOF) se positionnent clairement contre l’ostéopathie chez les nouveau-nés, dénonçant des pratiques qui, dans le meilleur des cas, seraient inutiles et, dans le pire des cas, risquées.

Un phénomène en pleine expansion

Selon le SPF et le SMMOF, plusieurs facteurs expliquent cet engouement :

  • Des allégations sur les bienfaits largement relayés, y compris par certains professionnels de santé ;
  • Des témoignages élogieux sur les réseaux sociaux ;
  • Une société anxiogène où les parents cherchent des solutions rapides ;
  • Le manque de disponibilité des professionnels de santé pour accompagner et rassurer les jeunes parents ;
  • Le remboursement partiel par certaines mutuelles, ce qui contribue à légitimer ces pratiques.

Des théories contestées

Les principes de l’ostéopathie crânienne, comme « repositionner les os du crâne » ou encore « rétablir des flux cérébraux », ne reposent sur aucun fondement scientifique avéré. Des notions récemment dénoncées par l’Académie de Médecine, qui selon elle, sont « sans fondement scientifique avéré, et d’efficacité et de sécurité non démontrées ».

Les rares études scientifiques disponibles n’ont en effet pas démontré de bénéfices mesurables de l’ostéopathie chez les nourrissons. Par exemple, une étude menée en 2021 par le CHU de Nantes (essai NEOSTEO) sur 128 nouveau-nés à terme présentant des difficultés d’allaitement n’a observé aucun bénéfice de l’ostéopathie. Un autre travail du CHU de Montpellier sur 101 nouveau-nés n’a constaté aucun effet des manipulations ostéopathiques sur la prévention des déformations crâniennes.

Vers une évaluation plus rigoureuse

Les professionnels de santé appellent ainsi à appliquer à l’ostéopathie néonatale les mêmes standards d’évaluation que pour les médicaments ou dispositifs médicaux : des études rigoureuses sur l’efficacité et la sécurité, ainsi qu’une surveillance des effets indésirables.
En attendant des preuves scientifiques solides, la prudence semble de mise concernant ces manipulations sur des êtres aussi vulnérables que les nouveau-nés.

  • Source : Communiqué « Ostéopathie pour les nouveau-nés et nourrissons : de la non-indication à la contre-indication ? » - Société Française de Pédiatrie (SFP), Syndicat de Médecine Manuelle Ostéopathie de France (SMMOF)

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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