











Accueil » Santé Publique » Nourrissons : l’ostéopathie, un effet de mode dangereux ?
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Le nombre d’ostéopathes a doublé en dix ans en France, passant de 20 000 en 2014 à près de 40 000 en 2024. La France est aujourd’hui l’un des pays où l’on pratique le plus l’ostéopathie sur les nourrissons. Ainsi, de nombreux parents y ont recours pour des problèmes fréquents comme les coliques, les pleurs, les difficultés d’allaitement ou encore les troubles du sommeil.
Cependant, cette popularité suscite des inquiétudes parmi les spécialistes. Dans un communiqué commun, la Société Française de Pédiatrie (SFP) et le Syndicat de Médecine Manuelle Ostéopathie de France (SMMOF) se positionnent clairement contre l’ostéopathie chez les nouveau-nés, dénonçant des pratiques qui, dans le meilleur des cas, seraient inutiles et, dans le pire des cas, risquées.
Selon le SPF et le SMMOF, plusieurs facteurs expliquent cet engouement :
Les principes de l’ostéopathie crânienne, comme « repositionner les os du crâne » ou encore « rétablir des flux cérébraux », ne reposent sur aucun fondement scientifique avéré. Des notions récemment dénoncées par l’Académie de Médecine, qui selon elle, sont « sans fondement scientifique avéré, et d’efficacité et de sécurité non démontrées ».
Les rares études scientifiques disponibles n’ont en effet pas démontré de bénéfices mesurables de l’ostéopathie chez les nourrissons. Par exemple, une étude menée en 2021 par le CHU de Nantes (essai NEOSTEO) sur 128 nouveau-nés à terme présentant des difficultés d’allaitement n’a observé aucun bénéfice de l’ostéopathie. Un autre travail du CHU de Montpellier sur 101 nouveau-nés n’a constaté aucun effet des manipulations ostéopathiques sur la prévention des déformations crâniennes.
Les professionnels de santé appellent ainsi à appliquer à l’ostéopathie néonatale les mêmes standards d’évaluation que pour les médicaments ou dispositifs médicaux : des études rigoureuses sur l’efficacité et la sécurité, ainsi qu’une surveillance des effets indésirables.
En attendant des preuves scientifiques solides, la prudence semble de mise concernant ces manipulations sur des êtres aussi vulnérables que les nouveau-nés.
Source : Communiqué « Ostéopathie pour les nouveau-nés et nourrissons : de la non-indication à la contre-indication ? » - Société Française de Pédiatrie (SFP), Syndicat de Médecine Manuelle Ostéopathie de France (SMMOF)
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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