Traiter l’AVC des nouveau-nés avec du… Viagra ?
28 février 2014
Chaque année en France, 2 500 nouveau-nés sont touchés par un AVC ischémique. ©Phovoir
Du sildénafil – la molécule du Viagra – pour protéger les vaisseaux et le cerveau des nouveau-nés en cas d’accident ischémique cérébral (la forme la plus courante d’AVC) ? C’est la découverte que viennent de faire des scientifiques de l’INSERM. Selon eux, « ce travail laisse entrevoir la possibilité de venir en aide aux nouveau-nés victimes de ce type d’événement, pour lesquels il n’existe actuellement aucune solution thérapeutique. » Chaque année en France, 3 nourrissons sur 1 000 seraient concernés.
Menant leurs recherches sur de jeunes rats, les scientifiques ont constaté que le sildénafil permet de protéger le cerveau lorsqu’il est injecté au moment d’un accident ischémique cérébral. Ce qui correspond à l’obstruction d’une artère.
Cette obstruction prive le cerveau de sang et d’oxygène pendant une durée plus ou moins longue. Les séquelles neurologiques sont parfois définitives. « Or depuis quelques années, des travaux ont montré que, chez le rat, le monoxyde d’azote (NO) inhalé au moment d’un tel accident permettait de recruter d’autres vaisseaux autour de la zone d’occlusion » expliquent les auteurs. « Ceci permettrait de restaurer partiellement le flux sanguin, limitant ainsi les conséquences de l’ischémie. » Ils ont ainsi tenté d’utiliser le sildénafil, une molécule dont l’activité freine la dégradation du NO dans l’organisme.
Un essai chez l’humain sous 3 ans
Pour tester cette stratégie, les chercheurs ont donc provoqué un accident ischémique cérébral chez des rats nouveau-nés. Au même moment, ils leur ont injecté une dose de sildénafil. Résultat, 7 jours après l’expérience, les rongeurs traités présentaient moins de séquelles motrices et leur cerveau était davantage préservé que celui des rats témoins.
« Le sildénafil a joué un rôle neuro-protecteur en améliorant la perfusion globale du cerveau » estime Olivier Baud, co-auteur des travaux. « Et ce que nous voyons chez le nouveau-né semble se vérifier aussi chez l’adulte, comme l’attestent d’autres travaux menés en parallèle en Allemagne. » A noter que l’équipe INSERM prévoit un premier essai clinique chez des nouveau-nés, d’ici trois à cinq ans.
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Source : INSERM, Unité 1141, Université Paris Diderot, Hôpital Robert Debré, Paris, 28 février 2014
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet