Une nouvelle solution pour réduire sa consommation d’alcool
01 décembre 2014
©Phovoir
Un traitement permettant de réduire la consommation d’alcool a bénéficié récemment d’une autorisation de mise sur le marché. C’est d’ailleurs le seul qui ait obtenu une AMM dans cette indication. Les explications du Dr Philippe Batel, addictologue à l’hôpital Beaujon de Paris.
« Nous avons vécu un changement de paradigme », indique le Dr Batel. « Auparavant, on prenait uniquement en considération les malades de l’alcool. Les autres étaient rangés dans la catégorie des bons vivants chez qui tout va bien. Aujourd’hui, l’approche est beaucoup plus tournée vers la santé publique avec une notion de risque ».
Autrement dit, les professionnels de santé ne se concentrent plus exclusivement autour de la question de la dépendance ou de l’abus. « Nous pouvons désormais nous adresser aux gens qui ont un problème avec l’alcool. C’est-à-dire ceux qui prennent des risques avec leur consommation. Cela concerne les hommes qui boivent plus de 21 verres par semaine et les femmes avec plus de 14 verres. »
En France, plus d’un homme sur quatre et une femme sur sept boivent au-delà de ces seuils recommandés. Ces consommations dites excessives ne sont pas nécessairement synonymes de « dépendance » à l’alcool. Cependant les dégâts au niveau de la santé peuvent déjà se manifester, notamment sur le long terme. Il faut noter que selon l’OMS, le risque encouru est jugé élevé à partir de 6 verres par jour pour un homme et 4 verres par jour pour une femme.
Diminuer sa consommation de moitié !
Or comme l’explique le Dr Philippe Batel, « la majorité des sujets qui ont un problème avec l’alcool ne vont pas consulter, ni demander de l’aide car ils ne sont pas prêts à être abstinents à vie. Mais le fait de commencer à réduire sa consommation va obligatoirement diminuer les dommages liés à l’alcool. Un patient souffrant d’une maladie du foie se sentira mieux s’il boit une bouteille de vin, au lieu de deux ».
C’est d’ailleurs tout l’intérêt d’un nouveau traitement – le Selincro – le seul aujourd’hui prescrit dans cette indication et qui a reçu une autorisation de mise sur le marché. A ce jour, cette nouvelle approche a déjà permis d’aider plus de 15 000 patients en France. « Ce médicament chez les patients qui ont un faible niveau de dépendance va leur permettre de réduire leur consommation d’alcool de manière assez efficace », précise le Dr Batel. « C’est intéressant de leur proposer un objectif qu’ils peuvent atteindre et ne pas viser obligatoirement l’abstinence ».
Dans les études cliniques liées à l’enregistrement de ce médicament, les résultats ont montré que les patients réduisaient leur consommation d’alcool de 60% à 6 mois et que cette efficacité se renforçait à 1 an. « Les médecins peuvent procéder à une évaluation systématique de la consommation. Ceci peut déjà avoir un impact. Quand on demande à un patient d’indiquer sa consommation d’alcool, dans la semaine qui suit, il va réduire le nombre de verres. C’est très motivant, d’autant plus s’il peut se faire accompagner et dispose d’une aide pharmacologique ». Si vous estimez boire de manière excessive, parlez-en avec votre médecin généraliste. Il saura vous motiver pour trouver avec vous des solutions.
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Source : Interview du Dr Philippe Batel, novembre 2014
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet- Edité par : Dominique Salomon