Obésité, diabète : cibler le « gène du maigre »
06 décembre 2012
Certains patients souffrent d’une maladie rare caractérisée par l’incapacité dans laquelle se trouve leur organisme, d’assimiler effectivement les calories qu’ils ingèrent. Conséquence, ils ne grossissent jamais, quoi qu’ils mangent ! Ces heureux mortels en fait, sont des malades… Le phénomène serait lié en effet, à l’absence – pathologique – d’un enzyme essentiel au processus de la digestion. Une société française de biotechnologie, basée dans le Génopole d’Evry, vient de tester une molécule capable d’inhiber artificiellement cet enzyme. Cette découverte pourrait constituer une piste intéressante… vers un traitement de l’obésité et du diabète de type 2.
« Pour la première fois, nous nous sommes intéressés aux gènes des pathologies induisant la minceur, voire la maigreur, malgré l’alimentation », explique le Dr Itzik Harosh, P.-D.G d’ObeTherapy Biothechnology, la biotech à l’origine de cette découverte. Ses chercheurs ont travaillé sur une pathologie rare, la déficience congénitale en entéropeptidase, l’enzyme évoqué plus haut. « L’entéropeptidase en fait, fonctionne comme un déclencheur de la digestion, donc de l’absorption par l’organisme des calories ingérées ».
Maigrir, mais pas trop
Les patients souffrant de cette maladie génétique rare se nourrissent à volonté, sans prendre de poids, voire… en en perdant, ce qui est loin d’être plaisant… « S’ils ne sont pas pris en charge, ces malades meurent affamés faute d’assimiler les calories qu’ils ingurgitent », souligne le Dr Harosh. L’objectif de ces travaux est donc la mise au point d’un traitement qui, en limitant l’absorption des graisses et des protéines, agisse contre l’obésité.
Bien entendu, une prise en charge de l’obésité et du diabète de type 2 ne saurait reposer uniquement sur un traitement de ce type. Un suivi médical et nutritionnel devrait lui être associé. En attendant, la molécule Obe2008 élaborée par la biotech française, est encore dans sa phase de tests précliniques chez la souris. « Si tout va bien, dans un an et demi nous commencerons les études sur l’homme ». Un médicament s’il est mis au point, ne serait pas disponible avant un minimum de 7 ou 8 ans…
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Source : PLOS ONE, novembre 2012 ; Génopole®, 21 novembre 2012 ; interview du Dr Itzik Harosh, P.-D.G d’ObeTherapy Biothechnology, 29 novembre 2012